« Au suivant… et au suivant… » Tout commence comme dans la chanson de Jacques Brel… Coup sur la porte… « Au suivant » : il faut libérer la douche, d’autres attendent… Alors Brindille se hâte et va rejoindre Casquette qui l’attend avec leurs affaires devant les bains-douches municipaux. C’est le jour des rituels pour ces deux copains, qui se sont fabriqués une vie à deux dans une cabane de bric et de broc dans le bois de Boulogne : douche, repas chaud et soirée loto. Comme chaque semaine ils finiront cette journée sur un banc en essayant de décider ce qu’ils feront avec la cagnotte. Mais ce soir-là rien ne va se passer comme d’habitude. D’abord un grand escogriffe qui tombe de nulle part avec son chien puant se joint à eux. Ce grand môme un peu perdu et pas bien fute-fute sera vite baptisé La Flèche. C’est lui qui, ce soir-là, va payer le ticket de loto et c’est donc à trois qu’ils suivront le tirage. Et c’est ce soir-là qu’ils vont gagner ! Quand on vous disait que rien ne se passerait comme d’habitude ! Leur situation précaire devrait enfin changer du tout au tout. Encore faut-il pouvoir encaisser l’argent, et dans leur cas… rien ne sera simple !
Pour son second long-métrage (après Le Petit Locataire) Nadège Loiseau s’empare avec beaucoup de délicatesse d’un sujet pas facile pour raconter une histoire d’amitié qui navigue entre la comédie (franche, et vraiment réussie) et le drame (la difficulté de ces trois hommes à s’extraire de la rue après tant d’années). Trois fois rien s’appuie en permanence sur ses personnages pour faire avancer le récit, questionnant au passage – et l’air de rien, c’est peut-être son tour de force – ce qu’est une vie « normale ». Un film drôle, souvent touchant, construit sur un scénario malin et trois acteurs infiniment sympathiques qui nous embarquent avec eux dans cette drôle d’aventure. C’est trois fois rien, et c’est déjà beaucoup !