Devenu un classique de la science-fiction dans le cercle restreint des amateurs éclairés, demeuré inconnu pour la plupart des spectateurs ordinaires – dont nous faisons partie –,Ikarie XB1, conçu à l'origine comme un film à la gloire de l'industrie spatiale soviétique et commandé comme tel par le Parti Communiste de Tchécoslovaquie, est présenté pour la première fois en 1963, au Festival international de Science-Fiction de Trieste. Largement salué par la critique, le film remporte l'Astéroïde d'or, qu'il partage avec La Jetée, le chef-d'œuvre énigmatique de Chris Marker : beau compagnonnage ! Sous le titre de Voyage to the End of the Universe, le film est ensuite projeté à l'étranger dans une version remontée et doublé en anglais. Ce montage alternatif, modifiant jusqu'à la scène finale, en détourne totalement le sens. Ikarie XB1 est restauré en 2016, on le redécouvre aujourd'hui dans sa version originale et intégrale, dans un sublime noir et blanc.
Pendant la seconde moitié du XXII e siècle, le vaisseau spatial Ikarie XB1 et son équipage se dirige vers la constellation Alpha du Centaure dans l'espoir d'y trouver une nouvelle forme de vie extraterrestre. Si le voyage ne dure que 28 mois, 15 ans se seront écoulés sur terre au moment où la mission parviendra à destination.
Au cours de ce périple, une quarantaine de scientifiques de tous pays apprennent à vivre et à travailler ensemble, et doivent faire face à quelques péripéties plus ou moins dangereuses : la rencontre avec un appareil spatial du 20ème siècle, l'instabilité mentale d'un des passagers ou l'apparition de symptômes liés à une « étoile noire » radioactive.
Fable morale en même temps qu'odyssée spatio-temporelle bénéficiant d'un incroyable travail visuel, Ikarie XB1 est une œuvre phare du cinéma de SF et a influencé nombre de films à venir, de 2001 à Alien en passant par la saga Star Trek.