Cinq et la peau -12

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Un homme, Ivan, retourne à Manille, apparemment sans but précis. Au gré de son errance et de ses rencontres, l’écrivain déambule dans la mégapole fascinante à la recherche de son passé et du sens de son existence.

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Cinq et la peau est le second film de Pierre Rissient, cinéphile pionnier et défricheur de grands auteurs comme Jerry Schatzberg, King Hu ou Lino Brocka. Le réalisateur y conjugue avec maestria et sensualité ses amours : le cinéma classique hollywoodien, le jazz, la poésie et Manille, faisant de ce film une véritable expérience de visionnage qui s’adresse autant à la sensibilité du spectateur qu’à son intelligence.
Cinq et la peau frappe d’emblée par son parti pris formel puisque entièrement dépourvu de dialogue. À la place, une voix off accompagne les images, entraînant le spectateur dans l’univers intérieur du héros, Ivan, formidablement interprété par l’acteur Féodor Atkine (Pauline à la plage, Dans la cour). Le film raconte l’errance de cet homme dans une ville qui n’est pas la sienne mais qu’il va apprendre à connaître – le cinéaste dresse alors un portrait de Manille qui s’affranchit des clichés occidentaux, montrant la capitale philippine dans toute sa diversité et ses contrastes, des beaux quartiers aux bidonvilles –, et qui finit par faire corps avec elle et, de façon littérale, avec ses habitantes. Au passage, le cinéphile Pierre Rissient rend un magnifique hommage à ses maîtres de cinéma, Fritz Lang et Raoul Walsh en tête, dont quelques extraits de leurs œuvres ponctuent le film, auxquels vient s’ajouter El Filibusterismo du réalisateur philippin Gerardo de León (1962), rappelant que ce pays a toujours été l’un des plus importants du cinéma asiatique. Invisible depuis sa sortie, Cinq et la peau est une œuvre unique et puissamment magnétique qui a acquis le statut d’objet d’art quasi mythique, à (re)découvrir enfin dans une nouvelle restauration 4K.