Anthony Soprano devient un homme dans une époque fort tumultueuse de l'histoire de Newark. La toute-puissante famille DiMeo, qui exerce une emprise sur la ville, doit affronter des rivaux qui se manifestent de toutes parts. Dans ce contexte, Anthony suivra les enseignements de son oncle, Dickie Moltisanti, un homme charismatique qui a toutefois de la difficulté à gérer ses responsabilités professionnelles et personnelles. Bien qu'impressionnable, Anthony prendra rapidement le contrôle de la mafia, pour finalement devenir le très respecté et craint Tony Soprano.
À l'été 1967, des émeutes raciales, causées par l'arrestation injustifiée et brutale d'un chauffeur de taxi noir, embrasent la ville de Newark, au New Jersey. Ces événements dramatiques jettent un froid entre le chef mafieux Dickie Moltisanti et son homme de main afro-américain, Harold McBrayer. Au point où ce dernier s'affranchit du clan italien pour former son propre gang criminel. Tout en protégeant ses arrières, Dickie agit comme un mentor auprès d'Anthony Soprano, le fils adolescent d'un membre de sa famille mafieuse. Impressionné par cet homme élégant et puissant qu'il considère comme son oncle, le garçon tente de l'imiter en se livrant à de petits trafics à son école secondaire. Au grand dam de la directrice, qui a décelé chez lui une intelligence et une sensibilité exceptionnelles.
Cet antépisode de "The Sopranos" se laisse voir sans prérequis. Cela dit, trop en dire sur le récit risquerait de gâcher le plaisir des admirateurs de la célèbre série de HBO, créée en 1999 par David Chase. Coécrit par ce dernier, le scénario ambitieux, vigoureusement mis en scène par Alan Taylor, déjoue habilement les attentes. De fait, THE MANY SAINTS OF NEWARK évoque moins la genèse de l'iconique Tony Soprano que l'époque et le contexte dans lesquels il a grandi. Ainsi, par moments, le film prend des allures d'un GOODFELLAS à la sauce "seventies". Le climat interracial explosif ajoute une dimension dramatique, historique et sociale très actuelle. Mais en vérité, celle-ci a peu à voir avec le contenu de la série originale. Bien que très honnête dans la peau du personnage qui a rendu célèbre son défunt père, Michael Gandolfini est éclipsé par l'impressionnant Alessandro Nivola, le truculent Ray Liotta et la robuste Vera Farmiga, étonnamment vulgaire dans le rôle de l'amère et mesquine Livia Soprano.