Parmi un troupeau formé par une petite dizaine de moutons, Shaun est le plus malin. Toujours prêt à dirigé ses comparses afin de jouer des tours au fermier, Shaun a plus d'un tour dans son sac, mais cette fois l'aventure qui l'attends va totalement le dépasser. Habitué à un format court de 7 minutes, il est difficile de comprendre de quelle façon c'est effectué la transposition vers un format long, un format d'une heure et vingt-cinq minutes. Film d'animation à la durée raisonnable, Shaun le Mouton est une série populaire en Angleterre notamment et tout fan d'une saga, souhaite en avoir toujours plus. 1h25 de Shaun le Mouton, (soit l'équivalent de 12 épisodes de la série) ça peut sembler long, mais au contraire, cette durée est extrêmement judicieuse. En effet, Mark Burton et Richard Starzak ont conçu ce long-métrage comme un épisode unique, mais un épisode procédant par étape. Une étape en amenant une autre, Shaun le Mouton conduit de manière linéaire à une résolution finale limpide et prévisible. Trouvant son intérêt non pas dans sa résolution finale, mais bel et bien dans sa justesse à bâtir un rythme de croisière permettant au spectateur de s'amuser et de ne pas s'ennuyer, il faut avant tout le voir comme un vent de fraîcheur.
Fait par de grands enfants et pour petits et grands enfants, Shaun le Mouton est un film d'animation attachant, tendre et incroyablement drôle. Se permettant de jouer sur divers registres comiques grâce notamment à ses personnages qui ne sont pas dotés de la parole, le film renvois aux classiques du cinéma burlesques dans lesquels nous retrouvons Buster Keaton, Charlie Chaplin et bien plus encore. Drôles et loufoques, Shaun et ses amis laineux peuvent faire rire par un simple bêlement ou le plus simple des mouvements. Enchaînant les gags comme l'on pourrait enchaîner les épisodes, Shaun le Mouton se voit affublé d'une superposition de gags afin de ne pas créer de lassitude et faire avancer l'histoire, mais ça ne fait pas tout. Dans les studios Aardman, ils ont un incroyable sens du rythme et savent à quel moment il faut injecter un sourire ou un rire afin de relancer la séquence. Grâce à un montage millimétré, qui cherche à superposer les gags et plans à caractères humoristiques, le long-métrage arrive à tenir en haleine le spectateur. Le rire n'est pas omniprésent ou rare suivant les séquences. Le rire est continuel et arrive toujours au bon moment. Marchant sur les plates bandes des autres films d'animation de la firme Aardman, Shaun Le Mouton recèle également de séquences qui cherchent à aller titiller votre émotivité. Séquences qui cassent légèrement le rythme, mais qui sont nécessaires afin que le film puisse aboutir sur une morale humaniste et suffisamment belle pour plaire à la fois aux plus jeunes comme aux plus grands. La construction du film en elle-même n'est pas révolutionnaire, mais ne cherche pas à l'être, car la série ne cherchait pas, à aller au-delà du simple bon moment, drôle et divertissant.
Dans une ère où les films d'animation cherchent à toucher au photo-réalisme et où les technologies nous permettent de réaliser des prouesses incroyables dans des films d'animation, comme en live action, quoi de plus frais et original qu'un retour à la pâte à modeler et à la maquette. Cherchant de plus en plus le relief au travers d'un écran d'ordinateur, les personnages et outils utilisés dans les locaux des studios Aardman sont on ne peut plus en relief. Le relief tel qu'on l'aime est là et cette stop motion procure toujours son petit effet. Affiné, bénéficiant d'une profondeur de champ et de couleurs plus chatoyantes, Shaun le Mouton s’est offert un lifting pour son passage sur grand écran. Les environnements sont vastes et diversifiés, les textures ne sont plus baveuses, mais recèles de détails et traits travaillés et les effets d'ombres, ainsi que de réflexions des lumières sont plus soignés que jamais. Par le biais de mouvements de caméra, permettant au visiteur de visiter concrètement les différents décors, ce qui est une nouveauté pour la série, on se rend plus que tout, compte du travail méticuleux effectué par les concepteurs et dessinateurs des studios Aardman. On retrouve par moment cette petite saccade dans l'animation des personnages, mais au-delà du fait que cela puisse être pris pour un défaut technique, c'est avant tout ce qui fait le charme de cette animation traditionnel. Cette animation qui ramène tout à chacun vers sa plus tendre enfance et les jouets avec lesquels il s'inventait des histoires.
Shaun le Mouton n'est pas un film grand spectacle ou pyrotechnique, c'est un film dans la plus pure tradition des projets en stop-motion comme on les aime venant des studios Aardman. Dans la lignée et reprenant tous les codes, allant jusqu'à rejouer le générique afin de lancer le récit et cette grande aventure, de la série télévisée, Shaun le Mouton le film est un pur plaisir de divertissement pour tous spectateurs de 3 à 103 ans. Malgré un scénario dont les grandes lignes sont prévisibles, ce dernier s'avère suffisamment bien écrit pour réussir à se renouveler dans ses gags afin de réussir l'exploit à faire rire le spectateur du premier au dernier plan. Incrémenté de runnings gags désopilants qui sous leurs aspects simplistes recèlent des idées toutes simples, mais absolument géniales, cette histoire est aussi ravissante que celle de tout bon conte qui se respecte. Visuellement ravissant, ce Shaun le Mouton est une magistrale réussite technique qui nous prouve que la stop-motion est toujours debout et à encore de belles années devant elle.
Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas autant rigolé devant un film d'animation ! Et tout en rigolant on se disait qu'il nous faudrait sans doute revoir cette nouvelle production des studios Aardman pour prendre un peu de recul et apprécier à leur juste mesure l'incroyable inventivité de la mise en scène, l'expressivité des personnages, la beauté des décors, le soin apporté au moindre détail dans tous les recoins de l'écran. C'est vraiment le grand retour des créateurs de Wallace et Gromit, dans toute leur singularité britannique après avoir goûté aux joies plus consensuelles et donc moins excitantes des productions made in Hollywood. Autant dire que c'est du bonheur en pâte à modeler, à partager toutes générations confondues.
Shaun est un mouton futé qui travaille avec ses collègues pour un fermier myope et bientôt chauve à la ferme Mossy Bottom, sous l’autorité de Bitzer, chien de berger dirigiste mais bienveillant et… notoirement inefficace. La vie s'écoule somme toute paisiblement, le patron est bonne pâte même s'il est désespérément prévisible et casanier, le clébard compte pour du beurre, les cochons sont concons mais ils ne pensent qu'à se goinfrer donc ne sont pas dérangeants… Dire que c'est le bagne serait mentir, parole de Shaun. Mais le problème c'est la routine, la répétition. Jamais de changement, jamais de surprise. Toujours les mêmes horaires, les mêmes déplacements en rang entre l'étable et l'enclos, sans compter la période de la tonte qui revient à date fixe et qui vous laisse nu comme un ver, ridicule et grelottant… Alors quand Shaun aperçoit sur le flanc d'un bus une publicité invitant au farniente, il décide de prendre un jour de congé. Il a vite fait de convaincre ses copains : ils vont s'arranger pour endormir le fermier – ils ont une technique imparable pour ça, vous verrez – et l'installent dans la vieille caravane qui n'a pris la route des vacances depuis bien longtemps. Et maintenant, à eux la belle vie, ils viennent d'inventer le week-end ovin…
Mais c'était compter sans Bitzer et son zèle intempestif : à la recherche effrénée de son bon maître, le chien pas malin va faire tant et si bien que la caravane immobilisée va rompre les amarres et se mettre à rouler pour la première fois depuis des lustres, dévalant la route en direction de la grande ville. The Big city ! Pour Shaun et ses compères, pas d'autre solution que de partir à la poursuite du véhicule dans lequel le fermier continue à dormir d'un sommeil de plomb…
Tout ce petit monde va donc se retrouver dans les rues de la métropole, à la merci de la civilisation en furie et de son représentant le plus retors : Trumper, le terrifiant responsable de la fourrière, chasseur obsessionnel du moindre animal circulant sans maître dûment repéré, spécialisé jusqu'ici dans le chien errant mais prêt à élargir son champ d'intervention… C'est le début d'un périple aussi trépidant qu'hilarant, plein de rebondissements, débordant d'humour et de trouvailles géniales.
Un peu d'histoire : le personnage de Shaun le mouton a fait sa première apparition en 1995, second rôle dans une des aventures de Wallace et Gromit : Rasé de près. Il a ensuite pris du galon en devenant la vedette d'une série de courtes histoires pour la télévision : pas moins de 140 épisodes diffusés à partir de 2007. Shaun s'attaque aujourd'hui au grand écran, on n'est pas près de l'arrêter !