Mignonnes

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Amy, 11 ans, découvre dans son nouveau collège un groupe de danseuses appelé « Les Mignonnes ». Fascinée, elle s’initie à une danse sexy, le twerk, dans l’espoir d’intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial...

Vos commentaires et critiques :

C'est un premier film débordant d'une énergie vitale, se moquant de la bien-pensance et du qu'en dira-t-on. Un film qui porte haut une féminité qui n'exclut en rien son féminisme et sa liberté. Si ses jeunes héroïnes tortillent un peu du cul, c’est qu’elles découvrent leurs corps, s’amusent des clichés, encore inexpérimentées mais moins innocentes que l’on croit. Sans le formuler vraiment, elles testent, provoquent, analysent les effets qu’elles font sur la société, sur les garçons. Mais ne nous y trompons pas, elles ont beau se pomponner, porter des tenues moulantes, elles ne sont pas à vendre. En jouant avec les codes de la séduction, de la soumission, elles expérimentent maladroitement la voie, provocante, de l’émancipation. Celle que leurs mères n’ont souvent pas obtenue.
C’est une de ces bandes de filles, surnommée Les Mignonnes, qui va attirer l’attention d’Amy. Elle a alors tout juste onze ans. Il faut dire ici que ce jeune personnage fonctionne un peu comme l’alter ego de la réalisatrice au même âge, elle qui a aussi grandi entre deux cultures, la française de son pays natal et la sénégalaise du pays de ses origines parentales. Amy semble d’un naturel plutôt paisible et réservé, habituée à se plier docilement aux injonctions de ses aînés, aux volontés d’une communauté qui la surveille comme le lait sur le feu. Mais intuitivement, alors qu’elle vient d’emménager dans un appartement plus grand avec sa mère (Mariam) et ses deux frères, elle perçoit que quelque chose lui échappe. L’inquiétude monte. D’abord c’est son père qui tarde à rentrer du Sénégal, pour des raisons inexpliquées. Ensuite, c’est cette étrange chambre, qu’elle espérait faire sienne, mais que l’on barricade et où nul n’a le droit de pénétrer, pour des raisons inexplicables… Et le pire de l'inexplicable, de l'inexpliqué, ce sont les silences de Mariam, qui dissimule ses pleurs. Elle a beau ne rien dire, ne rien exprimer, son mutisme est plus parlant et plus violent qu’un hurlement. Amy, comme tout enfant éponge, sait y décrypter le désarroi qui envahit sa maman, et bientôt, en en découvrant la cause, elle mesurera l’étendue de son humiliation. En attendant, dans la maisonnée l’air est devenu si pesant, si étouffant qu’elle prend plaisir à aller respirer plus loin, ne serait-ce que quelques étages plus bas. Et c’est là, dans la buanderie de son nouvel immeuble, qu’elle apercevra une nymphette aux airs de gitane se trémoussant de façon endiablée… Ce sera la révélation ! C’est cela qu’elle veut faire, c’est cela qu’elle veut être ! Libre comme cette inconnue, belle dans ses gestes libérés, dans son corps qui s’exprime sans retenue ! Vite, la réalité la rattrape, elle se sent gauche, « plate », pas à la hauteur, incapable d’oser. Pourtant son attirance, sera plus forte que ses réticences… Elle ne pourra s’empêcher de suivre sa voisine, qui deviendra vite sa grande copine, de l’épier en cachette quand elle rejoint ses potes qui se trémoussent et s’exercent sur des chorégraphies sans aucun doute trop sexualisées, devenues expertes du « twerk ». Bien sûr, elles remarqueront bientôt le petit manège d’Amy, la charriant, la mettant à l’épreuve… Mais rien ne découragera celle qui se montre avide d’observer et d’apprendre. Le soir, dans le secret de sa chambre, elle s’entraînera en cachette, désireuse de devenir à son tour une de ces mignonnes, comme si c'était la clef vers un autre monde.
Fathia Youssouf, qui interprète Amy, est tout simplement lumineuse, les autres actrices ne sont pas en reste. Elles servent merveilleusement bien ce film à l’énergie enfantine communicative, rythmé et lumineux malgré la gravité de son propos.