Autonomes

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Ici et là, hors des radars de la représentation majoritaire, des gens, parfois seuls, parfois associés, cultivent des modes de vie, de production, de pensée, de croyance, de soin, en rupture au moins relative avec les manières certifiées conformes. Autonomes se tient dans la compagnie de quelques-uns de ceux-là, en Mayenne et alentours.
  • Titre original : Autonomes
  • Fiche mise à jour le 10/10/2020
  • Année de production : 2019
  • Réalisé par : François Bégaudeau
  • Acteurs principaux : Alexandre Constant
  • Date de sortie : 30 septembre 2020
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Urban Distribution
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 112 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 4K, 1.78
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 152572
  • Indice Bdfci :
    66%

Vos commentaires et critiques :

L’homme est imprévisible et prolixe, génialement touche-à-tout. Ancien prof de français des quartiers populaires, François Bégaudeau s’est fait connaître du grand public grâce à Entre les murs, roman autobiographique inspiré de son expérience d’enseignant, adapté au cinéma en 2008 par Laurent Cantet (et palmé d'or à Cannes, tout de même). Mais notre homme, qui se déclare marxiste libertaire, a été aussi chanteur punk et fan du FC Nantes - et continue à se passionner pour le foot, tout en étant critique de cinéma, écrivain, cinéaste, régulier commentateur de l’actualité sociale et politique, auteur à succès, notamment du pamphlet jubilatoire Histoire de ta bêtise (2019, Pauvert). Cette fois, notre Tintin-sociologue-reporter a choisi de braquer sa caméra sur un territoire qui suscite généralement un intérêt plutôt réservé : la Mayenne. C’est d’ailleurs probablement parce qu'il est généralement ignoré qu’une partie des protagonistes d’Autonomes se sont installés dans ce bocage - qui a pour lui l’infini mérite d’être à l’abri des regards de la France des médias. Concrètement François Bégaudeau s’est intéressé à des gens qui, non par totale contrainte (car il y a bien sûr des jeunes chômeurs qui s’exilent dans ces campagnes par incapacité de financer un logement dans les grands centres urbains) mais par choix, ont posé ici leurs valises afin de tendre vers une forme d’autonomie et faire un pas de côté dans notre société capitaliste et consumériste.
C'est un fait, il y a eu pléthore ces dernières années de films édifiants, aussi émoustillants qu’une leçon de catéchisme, sur des gens formidables, beaux, sympathiques, et qui mettent en œuvre de merveilleuses alternatives à rebours du monde marchand. Ce qui rend passionnant l’essai documentaire de François Bégaudeau, c’est qu'il introduit, à côté d’alternatives politiques tout à fait passionnantes, des gens plus habités par des démarches spirituelles, rappelant que dans ces terroirs de l’Ouest, religion et sorcellerie faisaient – et font toujours bon ménage. Les religieuses qui s’interrogent sur le sens de leur travail manuel y côtoient un magnétiseur poupon qui soigne les bêtes de ferme par des gestes mystérieux, un adepte chamanique des tentes de sudation y croise un homme des bois survivaliste (fictionnel) particulièrement étrange. Il sème ainsi, sans se départir d'une empathie profonde, sincère (et même un peu inattendue), une multitude de petites graines de réflexion, parfois teintées d'humour potache, interrogeant par la bande notre degré de tolérance de spectateur ayant lui aussi ses petits préjugés… Et comme ça tombe bien, le cinéma et l’art sont justement là pour ça !