Ce film montre tout ce qu’il n’est pas ! Il a l’aspect d’un documentaire, il est travaillé comme tel, pourtant il est totalement mis en scène. Dans un premier temps, les onze actrices ont effectué ce pèlerinage en envoyant des enregistrements de leur expérience au réalisateur : il s’est alors appuyé sur cette matière tirée du réel pour écrire son scénario et les faire rejouer ce parcours une seconde fois, en présence de la caméra. Le périple interroge la foi dans ce qu’elle a de plus irrationnel. On entend souvent que l’important n’est pas la destination mais le chemin qui y mène. Sauf qu’ici, la difficulté de l’expérience rend chaque jour les relations humaines plus difficiles. Tant qu’elles ne sont pas parvenues à leur but, le trajet ne rapproche pas ces femmes car elles vivent un véritable calvaire. L’épreuve est difficile : chaque jour qui passe marque leurs corps et leurs pieds. La route n’est pas vraiment belle – elle suit les voies automobiles – et lorsqu’un homme propose un raccourci, les peurs latentes s’expriment et les désaccords surgissent. 11 fois Fátima est une expérience cinématographique : sa longueur éprouve le spectateur et rend perceptible la dureté de l’expédition, jusqu’à une fin incroyable qui justifie tous les sacrifices et révèle la puissance de ce voyage.