Out 1 (prononcer Out un) nous dit Rivette est le film archi-connu des cinéphiles mais qu’aucun n’a vu en tout cas dans son intégralité soit 12h30. Certes une projection par-ci par-là dans deux ou trois festivals et cette fameuse version courte (4h30 quand même) sous-titrée Spectres qui sortira en salles et qui ne ressemble pas vraiment à l’original qui nous est proposé par Carlotta (une fois de plus) dans son intégralité avec son titre d’origine, Out 1: Noli me Tangere (locution latine prononcée par le Christ lors de la Résurrection, signifiant “Ne me touche pas”) et dans une magnifique copie restaurée à partir de sa copie 16mm. Une sortie en salles, en VOD et dans un splendide coffret DVD
Une part importante des douze heures trente de projection de Noli me tangere est consacrée à la captation de répétitions théâtrales dont une au moins, dans l’épisode 1, pourra paraître aussi fascinante qu’interminable. Il s’agit en quelque sorte d’un test de passage, d’une mise à l’épreuve du spectateur. Il faut passer par là, accepter même, peut-être, de s’ennuyer un moment, car c’est la condition nécessaire pour que se mette en place un temps et un espace distendus, une espèce d’état second,
On voit donc longuement les deux troupes de théâtre avant-gardiste préparer en amont le travail sur le texte proprement dit des pièces d’Eschyle par des exercices d’improvisation (cris, pantomimes) sous forme de jeux susceptibles de prendre des tournures imprévisibles, ou même de déraper dangereusement, mais destinés, comme le formule Thomas (Michael Lonsdale), un des metteurs en scène, à augmenter la disponibilité de tous les participants, leur capacité à jouer ensemble (à ne pas suivre obstinément sa propre idée mais à rebondir à partir des suggestions des autres.
Des 8 épisodes que contient le film le premier, pourra paraître un peu aride et difficile mais néanmoins indispensable pour la suite qui s'avérera de plus en stimulante et passionnante. Un film monstre donc, colossal que vous devez découvrir en salles sur 2 jours conseille Rivette afin de vous immerger totalement. En voyant Out 1: Noli me Tangere on ne regarde pas un film mais on est à l’intérieur d’un film, dans un jeu de pistes avec les tenants et les aboutissants ( ?) de ce qu’était la Nouvelle Vague.
D’une cohérence implacable, malgré son caractère aléatoire, Out 1 pourrait bifurquer sans cesse vers d’autres films possibles et laisse bien sûr nombre de questions en suspens, ou n’y répond que pour susciter de nouvelles interrogations. Sa fin brutale préparait le terrain pour Out 2, où devaient enfin apparaître Igor et Pierre, rôles prévus pour Sami Frey et Alain Cuny.