L'optimisme critique de Frank Capra dans toute sa splendeur, dans toute son énergie. Mr Smith au sénat, porté par un extraordinaire James Stewart, est un vibrant hommage aux idéaux démocratiques des États Unis (ne jamais oublier que le film a été tourné en 1939, ne pas le voir donc à la seule aune de notre regard à juste titre désabusé des années 2000), en même temps qu'il en dénonce les dérives, et surtout les hommes qui essaient éhontément d'en profiter, de les détourner. On a pu, on peut reprocher à Capra sa naïveté, son angélisme que certains estiment manipulateur, on peut difficilement contester sa sincérité, et on ne saurait sans mauvaise foi nier la puissance dramatique, l'habileté narrative, la maîtrise de construction de ses films majeurs, et Mr Smith en est un. Le récit de l'épopée vécue par le candide Jefferson Smith est assez irrésistible, et fait passer le spectateur par toutes les émotions, qui culminent dans la scène mythique du discours fleuve (23h30 sans interruption !) au Sénat. Scène vraisemblablement inspirée à Capra et son scénariste par les marathons de danse décrits par Horace McCoy dans son roman On achève bien les chevaux publié quelques années auparavant.
Le sénateur d’un état de l’Ouest américain vient de mourir. Sam Taylor, homme d’affaires véreux et magnat de la presse locale, ordonne au gouverneur de nommer à sa place un homme de paille, « qui obéira aux ordres » – c’est-à-dire qui ne remettra pas en cause un projet de loi destiné à l’enrichir encore davantage. Le choix du gouverneur se porte sur Jefferson Smith, chef des scouts du coin, un idéaliste naïf et sans expérience que l’on pense pouvoir manipuler sans trop de difficulté…
Mais c'est mal connaître la force de l'idéalisme, de l'honnêteté, de la persévérance, autant de qualités dont le candide Mr Smith est pétri, et grâce auxquelles il fera la nique aux cyniques…