Deux ans quasi jour pour jour après Climax, Gaspar Noé est de retour presque par surprise. Juste retour des choses dans une période où on ne compte plus les films de cinéma qui sont diffusés sur tous les écrans sauf ceux de cinéma, Lux Æterna n’était dans un premier temps pas destiné à sortir en salle : trop court, trop expérimental, trop hors des clous. Heureusement deux distributeurs indépendants (Potemkine et UFO) l’ont rattrapé au vol et lui permettent d’exister dans son biotope : LA SALLE DE CINÉMA.
Tout commence pourtant dans le calme. Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg – dans leurs propres rôles – se préparent à tourner une scène de bûcher. En attendant que les figurants et les techniciens soient en place, elles partagent des anecdotes – croustillantes – sur leurs expériences précédentes, un verre de vin à la main... La séquence, souvent drôle, fait la part belle à la gouaille punk de Béatrice Dalle. On quitterait presque à regret cette discussion quand la pause prend fin : il est temps pour Béatrice qui réalise là son premier film et Charlotte, son actrice principale, de rejoindre le plateau. L'ambiance y sera tout autre : le producteur et le chef opérateur conspirent pour faire virer Béatrice qu'ils trouvent incompétente, le maquillage est en retard... Quant à Charlotte, elle est à la fois pourchassée par un futur réalisateur insistant et inquiète pour sa fille restée à la maison. Les multiples crises de nerfs se développent alors simultanément sur l'écran divisé en deux voire trois parties et Lux Æterna se transforme peu à peu en cauchemar incantatoire et stroboscopique... Épileptiques et claustrophobes s'abstenir !