Le Nid familial est le premier long-métrage de Béla Tarr, 22 ans à l’époque ! Tourné en caméra portée en quelques jours seulement, ce film s’inscrit dans une veine naturaliste au contexte social très marqué, celui de l’Europe de l’Est dans les années 1970, faisant ainsi écho à la Nouvelle Vague tchèque et aux premiers films de Milos Forman. Béla Tarr s’inspire également du cinéma de l’Américain John Cassavetes, pour ses partis pris esthétiques et son goût de l’improvisation, et de l’Allemand Rainer Werner Fassbinder, pour sa vision crue et désenchantée de la sphère familiale.
Ce film prend pour toile de fond la crise du logement qui frappe de plein fouet la Hongrie durant cette période, obligeant des familles entières à cohabiter ensemble dans des habitations exigües. Dans ce contexte favorisant tension et méfiance, la famille n’est plus un refuge mais une prison. Interprétée par une actrice non professionnelle d’une grande justesse, le personnage d’Irén est là pour rappeler que les femmes sont souvent les premières victimes d’un contexte sociopolitique difficile. Œuvre d’une incroyable maturité qui témoigne déjà d’une grande maîtrise stylistique, Le Nid familial est le cri de rage d’d’une jeunesse en quête d’espoir et d’amour.