En s’intéressant au cauchemar personnel d’une jeune femme et en décrivant avec fidélité son calvaire (les parallèles troublants entre anorexie et inceste) et les échappatoires vaines qu’elle tente de trouver (la drogue, la prostitution... ), Lynch crée d’une part une œuvre très émouvante, nous amenant à marcher côte à côte avec Laura jusqu’à rencontrer ce feu qui la brûle. D’autre part, il fait aussi d’elle bien plus qu’une personne mais une abstraction, une femme-miroir sur laquelle il va transposer toutes ses obsessions. Il se réapproprie ainsi le lieu de Twin Peaks et le réinvente, frustrant par là même ceux qui voulaient y voir juste la même chose que dans la série (le film commence par un écran de télévision qu’on brise). Plus sombre encore et nous plongeant dans les cercles concentriques d’un Enfer intime et infini, Twin Peaks: Fire Walk With Me est bien le chef-d’œuvre incompris de David Lynch