Le premier long métrage de Mamadou Dia a la force universelle de la tragédie. Dès lors qu’elle oppose deux frères, Tierno et Ousmane, la main mise sur l’autorité religieuse provoque, jusqu’à la terreur, troubles et dissensions dans une petite ville du Sénégal. Pourtant traditionaliste et rigoureux, le premier exerce sa charge d’imam avec une main douce le rendant aveugle aux menaces. Le second, jaloux du premier depuis leur enfance, voit dans la trop grande bienveillance de son frère une faiblesse et l’opportunité d’imposer un islam conservateur et politique. À leur insu, leurs enfants projettent de se marier et de poursuivre leurs études à Dakar. Passions humaines et catastrophes, liens douloureusement inextricables du sang, Le Père de Nafi n’en est pas moins un film au présent dont l’esthétique traduit une perpétuelle et haletante tension entre les opposés.