Alda et Maria

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Lisbonne été 1980. Deux sœurs de seize et dix-sept ans arrivent d'Angola pour fuir la guerre. Livrées à elles-mêmes, Alda et Maria vont devoir apprendre à survivre sans argent, dans une banlieue grise et polluée de cette ville étrangère. Avec la complicité d'autres Angolais, les deux adolescentes s'organisent une existence précaire. Cet exil va leur apprendre à choisir leur destin en devenant des femmes fortes et dignes…

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Voilà un joli film qui nous raconte une page d'histoire largement méconnue des non lusophones mais qui s'avère universelle et évoque de manière plus large le destin de tous les exilés. Un film qui sonne de manière d'autant plus authentique qu'il est inspiré de la propre jeunesse de la réalisatrice. Au début des années 1980, Alda et Maria sont deux jeunes sœurs angolaises à peine sorties de l'adolescence que leur mère a envoyées à Lisbonne pour les protéger de la guerre civile qui déchire leur pays depuis une indépendance arrachée dans le sang, avant de pouvoir les rejoindre elle-même. Mais forcément les choses ne se passent pas comme prévu ou espéré… C'est d'abord l'argent qui fait défaut : le mandat attendu n'arrive pas et les sœurs doivent quitter la pension où elles s'étaient installées. Dans ce Lisbonne où les nostalgiques racistes de Salazar et du Portugal colonial sont encore légion, la vie pour ces jeunes filles devenues SDF n'est pas facile. Et le milieu de leurs compatriotes émigrés n'est pas tendre non plus, la duplicité pour la survie primant sur la solidarité… Et comme partout, deux jolies filles isolées constituent des proies faciles pour les prédateurs de tout poil…

Pocas Pascoal saisit très justement les déboires de tous les jeunes migrants qui, des années 1980 à nos jours, ont bien peu changé (même si la répression policière s'est faite plus prégnante), sans négliger la cruauté des compatriotes qui profitent du désarroi des plus fragiles pour en tirer profit.

Mais la réalisatrice filme surtout avec une belle sensibilité comment cette épreuve finit par construire ces deux jeunes filles, qui vont passer plus vite que prévu – sans doute trop vite – dans l'âge adulte, un passage qui brisera la relation fusionnelle qui les soudait, laissant chacune à son propre destin. Le film de Pocas Pascoal filme aussi Lisbonne comme rarement on l'a vue au cinéma, loin des cartes postales de sa vieille ville parcourue par des tramways brinquebalants. Vous allez découvrir la Lisbonne des laissés pour compte qui s'agglutinaient sur l'autre rive, à proximité des usines et des installations portuaires. Et autant pour ces images saisissantes que pour les deux actrices touchantes de sincérité, il est urgent de découvrir ce premier film aussi modeste que réussi.