Money Monster

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Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs…

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CANNES 2016 HORS COMPÉTITION

Le mouton enragé

Jodie Foster, 40 ans après avoir été révélée à Cannes comme interprète de Bugsy Malone d’Alan Parker et Taxi Driver de Martin Scorsese, Palme d’or 1976, y revient pour la deuxième fois hors compétition en tant que réalisatrice depuis Le complexe du castor, en 2011. Money Monster met en scène l’animateur de l’émission télévisée Mad  Money, Jim Cramer, que campe pour l’occasion George Clooney, Julia Roberts incarnant sa productrice. Ce thriller  politique prend pour cible la facette la plus sombre de la médiatisation de ces gourous autoproclamés de la finance qui ont contribué à ruiner de petits épargnants trop candides, à travers le cas de l’un d’entre eux qui revendique son dû par la force en prenant en otage le responsable de ses malheurs. En chantier depuis 2012, puis conditionné par la disponibilité de Clooney qui n’a pu se libérer qu’après Ave, César ! des frères Coen, ce film distribué par Sony sort le 12 mai en France.

 

La valse des pantins

Imaginez un de ces plateaux télé insupportables, tape à l'œil, plein de bruit et de fureur. C'est l'heure du direct. Une équipe de techniciens sur la brèche, pendue aux lèvres d'un présentateur faussement déjanté : Lee Gates (George Clooney au meilleur de sa forme). Tout semble tourner autour du nombril de cet imposant monstre du petit écran, tellement imbu de lui-même ! Les coulisses de « Money Monster » sont loin d'être un havre de paix et de bienveillance. Qu'attendre d'autre d'une émission qui fait l'apologie de l'argent facile, met en scène un capitalisme décomplexé, débridé, arrogant ? Clap de début. Les jingles pleuvent en tous sens. Les rampes de lumière mitraillent la scène. Lee Gates comme à son habitude fait son show, sautille, se trémousse comme le vulgaire pantin d'une farce abjecte. Dans une ambiance décérébrante, hystérique, il assène d'infaillibles conseils au vulgum pecus pour l'inciter à jouer en bourse. Il faut le voir pérorer, insupportable m'as-tu-vu, dont on ne sait plus s'il nous donne envie de rire ou de gerber ! Lui et ses certitudes à la sauce Wall Street ! Sorte de gourou pour téléspectateurs idolâtres, il file froid dans le dos…
Tout baigne au pays des traders et notre inénarrable chroniqueur testostéroné commente grossièrement des courbes, fait des prédictions sur le cours des actions, se prépare à lancer une de ces interviews provocatrices dont il a le secret. On n'est plus à une contradiction près ! Après avoir pourfendu les mauvais perdants, le voilà prêt à endosser le costume d'un super justicier anti-capitaliste. Que voulez-vous… La fatuité n'a pas plus de limite que l'argent n'a d'odeur et    « Money Monster » semble avoir de beaux jours devant elle… 
Seule Patti Fenn (Julia Roberts), la productrice, montre des signes de fatigue, lassée par le stress et les pantomimes un peu vaines, mais aussi par Lee qui n'est pas plus respectueux de ses congénères que de son public. Même les dessous de son intimité ne sont pas bien propres tant il est prêt à tout pour ne pas rester seul une seconde, ne supportant plus de vivre sans cette effervescence constante. 
Mais voilà qu'hors du champ de vue de ce petit monde, arrive par la porte de service, celles des anonymes, des sans grades, de quoi perturber la routine télévisuelle. Cela a l'apparence d'un jeune livreur de pizza à la bouille sympathique. Même les agents de sécurité ne font pas la différence et ne prennent pas la peine de le fouiller. Et c'est ainsi que Kyle, tendu, inquiet, arrive dans les coulisses du show… Autant dire que dans ses boîtes il y a bien autre chose que des calzones ou des margheritas : de quoi remonter les bretelles des bouffons sans foi ni loi qui lui ont fait perdre toutes ses économies…
On pourrait vous en dire plus, mais on préfère vous laisser la surprise… Money Monster est non seulement un divertissement sarcastique, mais aussi un thriller haletant, impertinent, jubilatoire où le petit peuple prend sa revanche. Un pamphlet anti-capitaliste complètement barré, servi par une très belle distribution d'acteurs… Jack O'Connell est une véritable révélation !