Après la tempête TP

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Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu'à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo. À présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils. Cela semble bien mal parti jusqu'au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble…
  • Titre original : Umi yori mo mada fukaku (After the Storm)
  • Fiche mise à jour le 04/12/2018
  • Classification : Tous publics
  • Année de production : 2016
  • Réalisé par : Hirokazu Kore-Eda
  • Acteurs principaux : Hiroshi Abe, Kirin Kiki, Yōko Maki
  • Date de sortie : 26 avril 2017
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France :
  • Distributeur international : Wild Bunch
  • Durée : 118 minutes
  • Origine(s) : Japon
  • Genre(s) : Comédie dramatique
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.85
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 146408
  • Indice Bdfci :
    67%

Vos commentaires et critiques :

CANNES 2016 - UN CERTAIN REGARD

Retour au calme

En compétition en 2001 à Cannes pour Distance, mention spéciale du prix du jury œcuménique en 2013 pour Tel père, tel fils, le réalisateur nippon Hirokazu Kore-eda revient sur La Croisette un an après Notre petite sœur pour présenter Après la tempête. Hiroshi Abe ( Still Walking ,2008)y incarne un écrivain en panne d’inspiration qui cherche à reprendre le contrôle de son existence en perdition en renouant avec les siens et notamment avec son petit garçon. “L’origine de l’idée de ce drame familial remonte à 2001, selon Kore-eda, quand, après la mort de mon père, ma mère a dû s’habituer à vivre toute  seule dans un immobilier à loyer modéré. Quand je suis allé lui rendre visite, à l’occasion des fêtes de fin d’année, je me suis dit que j’aimerais consacrer un jour un film à cette situation. La première pensée qui m’est venue à l’esprit est une scène de déambulation à travers ces barres d’immeubles où l’herbe semblait d’une beauté particulièrement éclatante, le matin suivant un typhon. Je gardais des souvenirs inoubliables de mon enfance, lorsque je ramassais des branches tombées des arbres, sur le chemin de l’école. Je me souviens à quel point la nature était splendide après la tempête. Dans la mesure où j’y ai ensuite intégré les bouleversements qu’a provoqués en moi la disparition successive de mon père puis de ma mère, c’est le film qui est le plus proche de ce que je suis. Après ma mort, si je me retrouve confronté à Dieu ou au gardien de l’au-delà et qu’ils me demandent ce que j’ai fait sur la Terre, je leur répondrai en leur montrant immédiatement Après la tempête.” 

Le cinéma d'Hirokazu Kore-Eda, infatigable peintre des familles japonaises, semblait stagner depuis quelque temps dans une entêtante ritournelle de tendresse et de mélancolie. Son nouveau film, Après la tempête, marque une inflexion salutaire, puisqu'il s'intéresse cette fois à une famille disloquée par le divorce, la garde partagée d'un enfant et la mort récente d'un aïeul. Une amertume auxquelles le cinéaste ne nous avait pas habitués depuis les très beaux Nobody knows (2004) et Still walking(2008), et qui a pour effet d'accroître l'épure et la concentration de sa mise en scène, sans pour autant oublier de les moduler à travers une riche palette d'humeurs.
Après la tempête met en scène toute une galerie de personnages, mais dresse parmi eux le portrait d'un sublime perdant, tchekhovien en diable : Ryota, espoir déçu de la littérature dont l'immaturité crasse l'entraîne à végéter dans le métier parfois sordide de détective privé. Cette grande tige au regard doux (physique incroyable de l'acteur Hiroshi Abe) a hérité de son père une passion pour le jeu qui ne lui laisse jamais le moindre sou en poche. C'est à cause de ces excentricités, impropres à la vie de famille, que le bonhomme vit séparé de son fils Shingo, onze ans, et de sa femme Kyoko (Yoko Maki), qui depuis a rencontré un autre homme. Mais, un soir de typhon, tous les trois se retrouvent à devoir passer la nuit chez la mère de Ryota, qui nourrit le secret espoir de les voir réconciliés.
Le film, fait de conversations, ne s'en tient pas à cette seule trame, mais la laisse infuser dans le flux d'une existence ordinaire – ici la préparation d'un repas, là le cours tranquille d'une promenade – au rythme faussement apaisé des heures creuses. Affleurent alors, au détour d'un mot drôle ou d'une situation cocasse, la douleur larvée, le désappointement, l'inexorable érosion des existences.
Kore-Eda recueille ces humeurs dans un subtil camaïeu de beiges et de gris, lié aussi bien à la lourdeur du climat saisonnier qu'à ces fades barres d'immeubles qu'habitent les personnages, écrins blêmes de leurs sentiments. Dans la très belle et longue scène du typhon, les paroles scintillent au plus profond d'une nuit tourmentée, où chacun apprendra à accepter la séparation comme la seule clé possible d'une continuité malgré tout. (M.Macheret, Le Monde)