QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2016
Samouraï des temps modernes
Alors qu’il était parti sur l’envie de filmer des rugbymen, Sacha Wolff découvre un article du Monde décrivant le quotidien de joueurs étrangers recrutés par des petits clubs locaux. Tout bascule lors de ses premières recherches, lorsqu'il rencontre un pilier wallisien d’origine calédonienne jouant à Lyon. “Grâce à lui, j’ai déplacé le sujet de mon film, pour le centrer sur une question plus française: plutôt que de parler de travailleurs étrangers dans le sport, je me suis dit qu’il serait encore plus passionnant d’explorer la situation de ces Français dont personne en Métropole ne connaît véritablement l’identité, et dont moi-même je ne savais rien jusqu'alors.” Dès l’écriture du scénario se pose la question de l’interprétation. “Je savais qu’il me faudrait travailler avec des non-professionnels. Où trouver ailleurs des comédiens sachant jouer au rugby, pesant entre 120 et 140 kilos, et parlant couramment le wallisien? Je voulais filmer la vérité des corps des rugbymen: le visage d’un pilier raconte davantage son existence que toute composition. Je me suis chargé du casting moi-même et je l’ai mené parallèlement à la préparation et aux repérages.” Le tournage débute dans le Lot-et-Garonne en mars 2015 avant de se poursuivre en Nouvelle-Calédonie. En cours de tournage, Sacha Wolff va adapter son écriture aux comédiens, en intervenant constamment dans ce qui avait été figé par le scénario, pour apporter plus de vie à sa mise en scène. “Très peu de films ont été tournés en Nouvelle-Calédonie et aucun n’a jamais pris comme personnage principal un Wallisien. Que cette zone d’ombre soit soudain mise en lumière par la Quinzaine des réalisateurs est la plus belle des récompenses.”