Quand on sait que le film The Boss Baby est adapté d'un livre à couverture rigide de 40 pages, on comprend mieux ses failles. L'idée de base est très intéressante : une analogie entre la vision d'un jeune garçon de 7 ans qui accueille un nouveau petit frère dans la maisonnée et celle d'un nouveau patron ambitieux qui veut apporter des réformes drastiques dans son milieu de travail. Probablement que la métaphore aurait été plus percutante dans un court métrage de 10 minutes puisqu'ici son efficacité comique est rapidement diluée dans un récit à la fois fastidieux et linéaire.
Le fil narratif s'intéresse à une compagnie - Baby Corp - qui veut empêcher les chiots d'accaparer tout l'amour des humains. Quand celle-ci découvre qu'une autre entreprise est sur le point de mettre sur le marché une race de chiens qui ne vieillit pas, elle envoie son meilleur agent sur le terrain afin d'empêcher que le pire se produise et que les bébés deviennent la dernière des préoccupations des hommes.
Si la bande-annonce rendait hilares tous les enfants dans les salles de cinéma, les rires viennent moins aisément devant le film lui-même puisqu'il nécessite une contextualisation que les petits ont du mal à saisir. Le long métrage mise beaucoup sur son humour pour séduire son public, mais prend souvent des raccourcis d'un point de vue narratif. L'adulte constatera rapidement les failles du récit, ce qui, dans les faits, n'est pas particulièrement dramatique comme l'oeuvre ne lui est pas adressée directement. Bien que certaines allusions et références culturelles tirent davantage vers l'absurde, le film use aussi d'un niveau d'humour plus scatologique (pipi, caca, vomi) et physique (claques au visage, chutes, plongeons) pour charmer les enfants. Le petit bébé boss possède une attitude si cinglante et brutale que les blagues de premier niveau sont ici moins difficiles à avaler que dans d'autres contextes.
Les séquences lors desquelles le grand frère fantasme à propos d'un monde imaginaire, se projetant soit sur un bateau de pirates ou dans un repère d'agents secrets, sont particulièrement riches et apportent un aspect inventif à l'ensemble de la production. L'animation est plus colorée et éclatée lors de ces scènes amusantes. Il faut dire aussi que les gros yeux des personnages principaux, qui ressemblent à des peluches Beanie Boos, ont le pouvoir de nous captiver, à défaut d'être originaux. La texture de l'animation rappelle davantage celle des films d'animation du début des années 2000 que celle des nouvelles productions de Pixar, comme The Good Dinosaur (qui était visuellement encore inégalé) ou Finding Dory.
Omettant sa finale longue et laborieuse, The Boss Baby est un divertissement satisfaisant. Nous sommes bien loin du divertissement intelligent qu'était Inside Out, par exemple, mais avec un sac de popcorn entre les mains et une grosse orangeade dans le porte-gobelet, les petits cinéphiles seront plus que satisfaits de ce bébé parlant en smoking, chargé d'une mission très spéciale : empêcher les chiens de réquisitionner tout l'amour des hommes. N'est-ce pas là l'un des grands fléaux de l'humanité?