CANNES 2017: SÉANCE SPÉCIALE
Brève rencontre
C’est à l’âge de 91 ans que Claude Lanzmann évoque dans Napalm sa brève histoire d’amour avec une infirmière nord-coréenne à Pyong Yang, déjà racontée dans son livre Le lièvre de Patagonie, alors qu’il faisait partie d’une délégation française envoyée dans ce pays en 1958, en compagnie de sympathisants communistes dont les réalisateurs Chris Marker et Jean-Claude Bonnardot ou le chanteur Francis Lemarque. De retour en Corée du Nord en 2004 et en 2015, l’auteur de Shoah y filme ce pays fermé au monde avec son ironie coutumière et en se mettant en scène. Un authentique défi qui fait dire à son producteur, François Margolin, lui-même réalisateur, qu’il a fallu "jongler entre les règles imposées par divers organismes de financement pour un projet où les paramètres sont d’un tout autre ordre que d’ordinaire, puisque l’on ne dicte pas aux Coréens du Nord quand et comment on va y aller. On est déjà trop content de pouvoir y aller". Et Margolin d’avouer avoir "été marqué par Raymond Depardon qui m’a fait comprendre qu’on pouvait faire un film seul (ou presque)", et d’ajouter: "Rendre un rêve réel est, je crois, mon principal but dans ce métier, quel que soit le rêve, aussi fou soit-il." Et celui de Claude Lanzmann pour Napalm l’était assurément, qui cumulait les difficultés : "Le pays le plus fermé au monde, où il est impossible de tourner, un réalisateur très âgé, même s’il est plus souvent dynamique qu’une personne de 20 ans, un sujet et une difficulté de tournage qui faisaient dire aux partenaires financiers sollicités : ’vous n’y arriverez jamais !’ Eh bien, on l’a fait !"