Voilà un film noir français totalement barré, poisseux, violent et halluciné comme on n’osait plus en rêver. A l’égal du roman originel des années 70 du grand Manchette (son premier, co-écrit avec son complice Bastid). Il y a d’abord un lieu : un hameau corse abandonné où s'est réfugiée une bande improbable : une artiste cinglée qui crée des œuvres en tirant au pistolet sur de la peinture, un écrivain alcoolique et dépressif, un avocat véreux et quelques mauvais garçons. Ils sont là pour organiser le braquage d’un convoi blindé chargé de lingots d’or.
Le mauvais coup réussit, laissant sur le carreau motards et convoyeurs, mais tout va se compliquer avec des
auto-stoppeuses imprévues et deux motards de la gendarmerie à leur recherche. Et cela va devenir un siège, un véritable fort Chabrol. L’intérêt n’est pas tant dans le scénario, volontairement archétypal, que dans l’incroyable mise en scène et l’esthétique à mi-chemin entre les plus fabuleux films de Melville, ceux du japonais sombre Suzuki et de Tarantino. Mouvements de caméras fous et gros plans inattendus, couleurs saturées, esthétique années 70 volontairement marquée, c’est un pur bonheur… Avec en prime des acteurs formidablement improbables comme Bernie Bonvoisin ex-Trust, et Stéphane Ferrara, ancien champion de boxe dans les années 80. Un vrai « midnight movie » comme on n’en fait plus, qui sent le soufre, qui cultive la transgression, mais toujours avec une classe folle !