Avec La ballade de Buster Scruggs, les frères Coen s’offrent un western anthologique qui se décline comme un best of de leur œuvre. Six récits explorent autant de facettes de l’Ouest américain, contexte mythique peuplé de figures et de situations archétypales : fusillade de saloon, duel au soleil, vol de banque, pendaison sur cheval, périple en diligence… Air connu ? Avec les Coen, aucune chance. D'une ironie implacable, leur vision du monde transforme ces contrées narratives visitées à satiété en terres vierges. D'un point de vue esthétique, il s’agit peut-être de leur film le plus achevé : à chaque segment son univers, sa palette, son atmosphère. Et si l’on discerne, çà et là, l’ombre des géants du genre tels Leone, Ford, Mann ou Peckinpah, cette balade-là ne flirte jamais avec le pastiche. On est plutôt en présence, comme souvent chez les auteurs, d’une méditation aussi drôle qu’impitoyable sur la condition humaine.