Pyeongtaek – situé à environ 70 km au sud de Séoul – plante le décor de cet étonnant et réjouissant polar sud coréen : une zone portuaire à forte activité y côtoie des espaces urbains variés, quartiers populaires et zones commerciales bardées de néons multicolores. La découverte d'un sac rempli de billets par un frêle employé de sauna sera le point de départ de ce film choral qui verra se croiser – et se heurter – des personnages aussi divers qu'un douanier peu scrupuleux et fou amoureux, une hôtesse de bar, un flic « pot de colle » d'apparence naïve, un prêteur sur gage et une employée de ménage...
La réussite de Lucky Strike repose sur un savant mélange entre le film noir et la comédie grinçante. De maladresses en quiproquos, les personnages se trouvent dépassés par les situations qu'ils ont eux-même initiées, provoquant des réactions en chaînes tantôt violentes, tantôt absurdes. Le film oscille entre suspense et humour (noir) tout en convoquant des figures emblématiques comme celle de la femme fatale, personnage central de cette histoire, poussée ici à son paroxysme dans la manipulation de son entourage et l'usage de la violence, quelle qu'elle soit, si elle s'avère nécessaire à l'atteinte de son objectif. Le traitement de la lumière et de la couleur est très réussi, associant chacun des personnages à une tonalité particulière. Quant à l'interprétation, elle est portée par une brochette d'acteurs dont la renommée n'est plus à faire en Corée. Une preuve de plus que le pays du matin calme produit de grandes œuvres de cinéma, associant le brio de la mise en scène au plaisir du divertissement.