Leur Algérie

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Après 62 ans de mariage, les grands-parents de Lina, Aïcha et Mabrouk, ont décidé de se séparer. Ensemble, ils étaient venus d’Algérie à Thiers en Auvergne, il y a plus de 60 ans, et côte à côte ils avaient traversé cette vie chaotique d’immigré.e.s. Pour Lina, leur séparation est l’occasion de questionner leur long voyage d’exil et leur silence.
  • Titre original : Leur Algérie
  • Fiche mise à jour le 17/01/2022
  • Année de production : 2020
  • Réalisé par : Lina Soualem
  • Date de sortie : 13 octobre 2021
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : JHR Films
  • Distributeur international : Sweet Spot Docs
  • Durée : 72 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 2K, 1.77
  • Format son : 5.1, VF
  • Visa d'exploitation : 155174
  • Indice Bdfci :
    66%

Vos commentaires et critiques :

 

C’est un film formidable, sur les réalités de l’exil, sur la mémoire et sa transmission entre générations, sur le temps qui passe trop vite et qui risque d’enterrer à jamais les histoires trop longtemps tues. Les grands-parents de Lina, Aïcha et Mabrouk ont décidé de se séparer. Ensemble, ils étaient venus d’Algérie à Thiers, au centre de la France, il y a plus de 60 ans, et côte à côte ils avaient traversé cette vie chaotique d’immigré·e·s. Pour la réalisatrice, leur séparation agit comme un électrochoc : faire un film devient une urgence. Il lui faut pouvoir connaître leur histoire pour mieux comprendre la sienne. Essayer de recueillir leurs mémoires, leur rendre hommage. C’est aussi faire sortir leurs récits de l’intimité et dire enfin ce passé commun pour toute une génération née de grands-parents immigrés.
Le film commence par des vidéos de famille datant des années 90 ; derrière la caméra le père de Lina : Zinedine Soualem – comédien connu et apprécié pour ses nombreux rôles marquants, notamment dans les films de Cédric Klapisch. On y voit Aïcha et Mabrouk donner à manger à leur petite fille, la tenir sur leurs genoux, etc. Ces images du quotidien renferment déjà l’indicible. L’impossibilité de (se) parler, de (se) raconter.
Et puis on découvre une discussion vidéo enregistrée près de trente ans plus tard : Zinedine est dans le même salon, désormais totalement vide, et parle avec sa fille. Il finit de déménager la maison familiale, puisque ses parents, après presque 60 ans de mariage, ont décidé à la surprise générale de se séparer pour habiter à 100 mètres l’un de l’autre, dans deux immeubles se faisant face dans la même rue.
Portée par une double approche narrative, Lina Soualem a donc pris la route de Thiers pour passer un mois avec ses grands-parents, les filmer et les écouter. Au départ, ils se débrouillent pour esquiver la discussion, Aïcha partant dans un fou rire à chaque question dérangeante, Mabrouk, lui, préférant détourner le regard. La réalisatrice réussit patiemment à faire accepter sa caméra et ses questions. Elle suit son grand-père dans ses promenades solitaires et silencieuses au centre commercial. Elle filme sa grand-mère qui continue de lui préparer à manger et de lui apporter ses repas chaque jour.
Avec beaucoup de pudeur, Lina Soualem réussit à esquisser le portrait d’une grand-mère et d’un grand-père. Surgissent devant nos yeux les traces indélébiles que peut laisser un déracinement.
Et c’est assez bouleversant d’entrevoir leurs blessures cachées dont on imagine que ce sont celles de nombreuses familles maghrébines et nord-africaines. La cinéaste prépare actuellement un deuxième film Bye-Bye Tibériade, sur sa famille palestinienne et sa mère la comédienne Hiam Abass (elle-même à l’affiche de Gaza mon amour sur cette gazette) On a hâte de la découvrir.