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Sous les atours d’une bonne pantalonnade à l’italienne, une comédie légère truffée de personnages excessifs et sympathiques, un film d’une joyeuse impertinence, allant de manière réjouissante à l’encontre du “travailler plus pour gagner plus”. On peut même dire que Bons à rien est un hommage aux branleurs de tout poil, ceux pour qui la dolce vita passe par un travail le moins éreintant possible. Gianni est de ceux-là. Un sexagénaire sans histoires qui, tous les matins dans son joli appartement romain, ne se lève pas trop tôt, croise sans broncher sa voisine irascible qui a toujours un petit reproche sous le coude, lève les yeux au ciel sans autre protestation devant le gros 4x4 mal garé qui l’oblige à se contorsionner pour passer dans son impasse et rejoint son administration où, il faut bien le dire, on ne lui en demande pas trop. Et puis Gianni est à quelques semaines de la retraite, alors bon, il ne va pas se mettre à faire du zèle. Et voilà que patatras, mesures d’austérité obligent, la réforme des retraites touche soudainement Gianni : il en reprend pour quelques années. Et en raison d’une réorganisation interne, on le parachute pour sa fin de carrière dans de nouveaux bureaux en banlieue. Toutes ses petites habitudes en sont bouleversées. Il découvre de nouvelles pratiques managériales, on lui demande désormais de la productivité. Et puis il y trouve une nouvelle ambiance délétère entre collègues. Dans ce petit monde, Gianni va apprendre à dire non et à savoir profiter des faiblesses des uns et des autres pour trouver sa place.
Dans Bons à rien, Gianni di Gregorio nous livre une savoureuse satire d’une administration italienne inefficace, contaminée par les rivalités personnelles et la quête de pouvoir. Et en filigrane, il décrit aussi l’Italie qu’on aime, celle des solidarités familiales et des petites gens qui aiment glander et faire la fête. On espère avec Gianni que cette Italie restera éternelle.