Fabienne Godet a fréquenté durant deux ans des réunions d’Alcooliques et Narcotiques anonymes pour écrire ce film. Elle s’est également immergée dans un centre thérapeutique de toxicomanes en rétablissement.
Régis Ribes est lui-même un ancien toxicomane devenu thérapeute. Il est le seul à jouer son propre rôle, celui d’Antoine, dans le drame français. Les autres sont des comédiens qui se plongent dans les vies brisées des toxicomanes qu’ils incarnent. Pour ce faire, ils ont expérimenté la réalité d’un groupe de thérapie. Selon le modèle proposé, les participants doivent à la fois prendre la parole pour raconter leur histoire, et se confronter aux autres. Ils doivent aussi être très honnêtes sur leurs anciennes habitudes de consommation et sur les répercussions qu’elles ont eues sur leur milieu. Cette méthode anglo-saxonne, du « modèle Minnesota », est inspirée des programmes en douze étapes mis sur pied par les Alcooliques anonymes. C’est la méthode que propose Régis Ribes dans les centres où il pratique. À mi-chemin entre le documentaire et la fiction, par la façon dont il a été conçu par Fabienne Godet et Julie Moulier, Nos vies formidables explore surtout le processus d’adhésion au groupe par lequel les toxicomanes arrivent à s’entraider. Si elle a fait ses preuves, notamment à travers le vaste réseau des Alcooliques anonymes et de ses dérivés, la formule n’est évidemment pas infaillible. Un membre proche de Margot quittera le groupe de thérapie et trouvera la mort. Une autre sera chassée du groupe parce qu’elle consomme des médicaments malgré la règle d’abstinence totale. Les séances de thérapie sont ponctuées de descentes au plus profond des expériences éprouvantes qu’ont vécues les membres, expériences qui les ont souvent poussés ou maintenus dans la consommation de drogue ou d’alcool. Mais le groupe traverse aussi des moments de joie, de renaissance, avec la musique, notamment, ou à travers le sport.