Le jeune Asher, ses claquettes aux pieds, est à la recherche de sa place dans le monde, mais son chemin pour la trouver ne ressemble à aucun autre. L'émotion au cinéma surgit souvent parce qu'il y a surprise, quelque chose d'insoupçonnable qui fait effraction, quelque chose qui peut être beau et inquiétant à la fois. En cela, il n'y a pas un cinéma réactionnaire et un cinéma moderne, il y a juste un cinéma du programme et un cinéma de la surprise. Quand Asher prend la parole, c'est toujours par effraction, une rupture qui interrompt le cours de l'histoire. Alors que son sujet est universel, Les Destinées d'Asher n'est que surprise. Et la plus belle surprise est celle de Asher Lax. Matan Yair a découvert un acteur incroyable qui ne bouge comme aucun autre, qui à travers son personnage invente un rythme unique, éruptif, violent et finalement bouleversant. Le personnage interrompt chaque scène, détruit chaque programme et conduit ainsi le film dans des endroits insoupçonnables. Pourquoi agit-il ainsi ? Peut-être répond-t-il, comme il peut ou comme il veut, à l'environnement et à la violence qui traverse Israël. À travers ce corps, Les Destinées d'Asher nous montre en tout cas ce pays comme nous ne l'avons jamais vu. Et puis Asher rencontre Rami, professeur de littérature. Les Destinées d'Asher nous offre alors une réflexion généreuse sur la pédagogie, sur ce que les autres, par leur parole, qui est aussi une attention, peuvent changer en nous. Et ainsi Asher apprend. Il apprend à se synchroniser aux autres, à leur parler, à être et vivre avec eux.
Patric Chiha - Cinéaste