Gucci est une marque reconnue et admirée dans le monde entier. Elle a été créée par Guccio Gucci qui a ouvert sa première boutique d’articles de cuir de luxe à Florence il y a exactement un siècle.
À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque. Le groupe est dirigé par les deux fils du fondateur – Aldo, personnage rusé et haut en couleur, et son frère Rodolfo, beaucoup plus froid et traditionnel.
Pugnace, Aldo n’a pas la moindre intention de céder le contrôle de l’empire à qui que ce soit – et certainement pas à son fils Paolo, garçon fantaisiste qui aspire à devenir styliste. Quant à Maurizio, fils timide et surprotégé de Rodolfo, il a davantage envie d’étudier le droit que de diriger un groupe de luxe mondialisé.
C’est alors que Maurizio tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Lorsque Aldo se découvre des affinités avec Patrizia, il réussit, avec l’aide de la jeune femme, à convaincre son neveu de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier. Ce qui ne manque pas de nourrir la rancœur de Paolo, dont le talent n’est pas à la hauteur de ses rêves artistiques…
La première heure de La saga Gucci fascine. Le scénario de Becky Johnston et de Roberto Bentivegna ainsi que les caméras de Ridley Scott nous transportent à Milan, en 1978. Là, Patrizia Reggiani (Lady Gaga) et Maurizio Gucci (Adam Driver, excellent) tombent amoureux l’un de l’autre malgré l’opposition de Rodolfo Gucci (Jeremy Irons, formidable comme toujours), le père de Maurizio. Mais le couple n’en a cure et se marie sans la bénédiction paternelle. Ambition, arrivisme, désir de s’intégrer à la famille? On ne le saura jamais vraiment, mais Patrizia commence à s’immiscer dans les affaires de la maison Gucci afin de propulser Maurizio à son sommet en évinçant Aldo (Al Pacino, égal à lui-même), frère de Rodolfo, et Paolo (Jared Leto), son fils, mettant ainsi en branle une série d’événements qui entraîneront la chute de la maison de couture. Et qui se soldera par le meurtre, qu’elle commanditera, de son époux.
La prestation de Lady Gaga tient en un seul mot: impressionnante malgré un accent italien peu convaincant. La chanteuse et désormais actrice domine chaque scène, y insufflant une énergie – voire une rage – à laquelle il est impossible de ne pas succomber. Mais ce rythme ne peut durer longtemps, malgré une trame sonore entraînante.
Passée la première heure, La saga Gucci dure 157 minutes, le scénario s’essouffle et la mise en scène tonitruante, à grand renfort de costumes, d’accessoires et de décors flamboyants, suit. Car, après la naissance d’Alessandra Gucci, la fille de Mauricio et de Patrizia, cette dernière multiplie les manigances et le script les raccourcis peu flatteurs (Maurizio acceptant d’aller à New York uniquement en raison d’une gâterie sexuelle de son épouse ou Paolo piquant des crises d’enfant gâté).
Cela dit, on pardonne ces errements, un film de Ridley Scott, même maladroit, étant un plaisir. Pour une qualité supérieure, on se dirigera par contre vers Le dernier duel, son long métrage précédent, sorti en octobre dernier.