Longtemps mal aimé et incompris ce film magnifique inspiré du roman éponyme de Edith Warton s’impose désormais comme l’un des chefs-d’œuvre de Martin Scorsese. La maestria du cinéaste et l’art extraordinaire de sa monteuse Thelma Schoonmaker lui permettent de repenser totalement l’idée de film à costumes, débarrassée de l’académisme inhérent à ce type de productions à prestige. Le film est visuellement somptueux, multipliant les hommages cinéphiles aux productions Powell-Pressbuger et à Visconti. Les images du film, signées par le directeur de la photographie attitré de Scorsese Michael Ballhaus sont au diapason de sa virtuosité narrative. Daniel Day Lewis et Michelle Pfeiffer, amants victimes d’un amour impossible y trouvent leurs plus beaux rôles. Le Temps de l’innocence malgré les apparences n’est pas un titre périphérique dans la carrière de Martin Scorsese. Le film ne parle que de passion et de sacrifice. La violence, le thème majeur du cinéaste, se traduit ici par la rétention des sentiments amoureux brimés par les conventions sociales et le puritanisme.