Fidèle à son style flamboyant, à sa puissance visuelle, à son esthétique baroque, le réalisateur de Moulin Rouge et Gatsby le Magnifique (sélectionnés sur la Croisette en 2001 et 2013), signe avec Elvis, un film de 2h40, inspiré et nerveux, sur la gloire et la chute d’une légende américaine, Elvis Aaron Presley. Mieux qu’un biopic, il s’agit d’une allégorie sur l’Amérique des années 1950-1960/1970 et le destin exceptionnel d’un petit gars de Tupelo (Mississippi), né le 8 janvier 1935 et mort, à 42 ans, le 16 août 1977. Mais avant qu’il ne devienne l’une des rock stars les plus adulées de son vivant, l’histoire de son ascension et de sa chute va de pair avec sa collaboration mortifère, sa fusion toxique pourrait-on dire, avec son agent, le colonel Parker, qui en fit sa créature, sa machine à dollars, le super-héros de l’Amérique.
Cet ancien forain converti aux tournées de musique country, ce roi de l’entourloupe et de l’enfumage est d’emblée fasciné par le charisme du chanteur né dans un quartier noir et nourri enfant au gospel et au blues. Avec sa voix caverneuse et ses déhanchements suggestifs, il fait pâmer les filles, effraie les parents, déchaîne les passions et divise une Amérique en majorité conservatrice et puritaine. Il n’en faut pas plus pour devenir le King entre les mains de son manager de père et du colonel Parker qui inventera pour lui le merchandising à grande échelle, la vente d’objets à l’effigie de Presley. Homme de nulle part, dont on découvrira plus tard qu’il ne s’appelle pas Parker et n’est pas ancien colonel des Marines, il conduisit d’une main de fer la carrière de son protégé, jusqu’à l’enfermer plusieurs années dans la cage dorée de Las Vegas qui fut son tombeau.