Dope

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Malcom, jeune geek fan de hip-hop des années 90 vit à Inglewood, un quartier chaud de Los Angeles. Avec ses deux amis Diggy et Jibs, ils jonglent entre musique, lycée et entretiens pour entrer à l'université. Une invitation à une soirée underground va entrainer Malcolm dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope ».

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QUINZAINE DES RÉALISATEURS

Une fois qu'on a vu l'énergisant, le désopilant, le brillantissime, l'irrévérencieux Dope, on se sent bien nul de ce côté-ci de l'Atlantique avec nos films lourdingues et sociologisants qui veulent évoquer la banlieue si possible sans humour mais avec force clichés et regards aussi moralisants que condescendants.

Dope se déroule dans un quartier bien pourri et met en scène les adolescents qui tentent d'y survivre. Ici c'est Inglewood, une ville de la banlieue de Los Angeles qui pourrait paraître sympa avec ses palmiers, si on ne pouvait y mourir à tout instant d'une balle perdue. Mais d'emblée, au lieu de se prendre au sérieux, Dope et ses trois protagonistes, les jeunes Malcolm, Diggy et Jibbs, se jouent des a priori. Oui dans le lycée des trois jeunes gens, le portique censé détecter les armes diverses sonne en permanence, les chiens renifleurs de drogue deviennent fous, et les lycéens envisagent de développer une application géolocalisée pour éviter sur leur chemin les fusillades entre gangs !

Mais les clichés s'arrêtent là car nos trois lascars (enfin il y a une fille dans le lot mais elle est lesbienne et son accoutrement fait que tout le monde la prend pur un garçon) ne correspondent en rien à ce qu'on pourrait attendre d'un jeune citoyen d'Inglewood. D'abord et primo : ce sont de bons élèves. Ensuite dans leur look : Malcolm par exemple est un beau gosse, mais sa dégaine semble hors du temps, avec sa coupe afro format porte-avions et ses chemises vintage… En fait ils sont avant tout des geeks fans de hip hop eighties qui de surcroit jouent dans un groupe de punk ! Autant dire qu'au lycée, ils ne font pas partie des gens « populaires » et déclenchent les quolibets quand ils ne sont pas tout simplement maltraités par les caïds des cours de récré.

Jusqu'au jour où le malfrat local demande à Malcolm de jouer l'intercesseur avec la bombasse intello du quartier (Zoé Kravitz, la fille du musicien) : Malcolm se retrouve du coup invité à la boum gangsta de l'année, qui bien entendu part en sucette et en fusillade, notre pauvre Malcolm se retrouvant affublé d'un sac à dos rempli d'une drogue redoutable convoitée par la moitié des gangs de Los Angeles. Et la vie de nos trois héros va devenir plus mouvementée que celle de Chuck Norris.

Dope s'avère une comédie sociale particulièrement drolatique et enlevée, trépidante dans la deuxième partie, truffée de personnages savoureux (comme cet impayable proviseur caïd de la drogue), servie par une mise en scène audacieuse qui utilise notamment à merveille les inserts d'images de réseaux sociaux. Mais derrière l'humour et les péripéties des aventures foldingues de ses personnages, Dope brise très intelligemment les cases dans lesquelles on veut enfermer les jeunes gens – généralement de couleur – issus des quartiers populaires. Le réalisateur Rick Famuyiwa n'a pas eu à se forcer puisqu'il ne que fait que raconter, en y ajoutant une savoureuse part de romanesque, son propre parcours de jeune black qui visait une admission dans une grande école sans trop y croire, l'étiquette « made in Inglewood » constituant une sorte de barrière infranchissable…

PS : en américain tel qu'il se cause, le terme « dope » est un compliment très recherché puisqu'il désigne le mec cool, relax, à l'aise dans ses nike. Le français ajoute un double sens pas stupide puisque la drogue joue un rôle secondaire dans le scénario.