FESTIVAL DE CANNES 2019 : COMPÉTITION
1969: année héroïque
Un quart de siècle après avoir obtenu la Palme d’or pour son deuxième film, Pulp Fiction, Quentin Tarantino revient en compétition pour la quatrième fois (après Boulevard de la mort en 2007 et Inglorious Basterds en 2009) avec un film que le délégué général du Festival de Cannes décrit comme “une déclaration d’amour au Hollywood de son enfance, une visite rock à l’année 1969 et une ode au cinéma tout entier”. Président du jury en 2004, Tarantino y a montré à cette occasion hors compétition Kill Bill vol. 2. Il avait par ailleurs fait sensation dès son premier film, Reservoir Dogs, dévoilé en séance de minuit en 1992. Lauréat de deux Oscars du meilleur scénario original, pour Pulp Fiction en 1995 et Django Unchained en 2013, Tarantino se livre dans Once Upon a Time… in Hollywood à un jeu de rôles dans lequel les studios voient leur hégémonie s’effriter sous les assauts du nouvel Hollywood.
Sans trop vous en dire sur cette histoire, à la demande expresse de Quentin Tarantino lui-même, nous pouvons vous assurer que ce film ne ressemble à aucun autre et qu’il s’agit d’un immense hommage au cinéma et à Hollywood. Son récit se nourrit de faits réels ainsi que de l’ambiance fantasmée de Los Angeles – au soleil couchant, avec ses rangées de palmiers et ses villas de stars perchées sur les hauteurs de la Cité des Anges... 1969, Rick Dalton est un acteur sur le déclin, contraint d’accepter de jouer dans des séries de seconde zone après avoir eu son heure de gloire. Son alter égo et cascadeur attitré Cliff Booth le soutient et l’épaule dans la crise existentielle qu’il traverse. Voilà le point de départ ! Pour la suite, Tarantino s’amuse et nous balade : il joue avec nos émotions et nos attentes, lance de fausses pistes, nous laisse présager le pire pour nous livrer le meilleur et inversement. Les moments drôles surgissent, le suspense monte puis se dissout, la narration nous embobine... La mise en scène est – comme toujours – impressionnante, le scénario est déroutant et ne se laisse pas apprivoiser si facilement. Foisonnant, d’une richesse folle, Once upon a time... in Hollywood n’est pas pour autant frénétique, préférant laisser le temps au spectateur d’apprécier la virée, la musique et la performance de ses deux immenses acteurs. Sans saisir la totalité des références – il y en a tellement ! –, le plaisir cinéphile reste énorme. Une fois de plus, Tarantino nous surprend et nous ébranle dans notre position de spectateur : c’est décidément l’un des grands cinéastes de notre époque !