Rithy Panh n’en est pas à son coup d’essai. Lui-même rescapé des crimes de masse pensés et organisés par les Khmers rouges au Cambodge, il fouille depuis trente ans dans les souvenirs récents de l’humanité pour en extraire les preuves du mal. Avec ce nouveau film, il ne cherche pas tant à comprendre pourquoi notre XXe siècle est à ce point meurtrier – les mécanismes de crises économiques, de replis identitaires et de bourrage de crâne sont bien connus et toujours à l’œuvre, ici comme partout. Mais s’il n’explique pas, Rithy Panh nous montre néanmoins l'irregardable avec tant de douceur et de finesse que nous ne pouvons détourner les yeux. Irradiés relève donc plutôt d’une installation cinématographique mûrement réfléchie. Sur l’écran se trouvent trois écrans. Les images d’archives parlant d’elles-mêmes, les voix-off sont réflexives et aphoristiques. Enfin, de la danse Buto ponctue le récit et nous accompagne dans ce face-à-face – avec l’humain, avec nos semblables, avec nous-même.