Dans La Mélodie, premier long-métrage de Rachid Hami qui vient d’être projeté hors-compétition à la Mostra de Venise, Simon (un Kad Merad presque méconnaissable) est un violoniste de talent qui cherche du travail. Il finit par accepter de donner un cours de musique dans un lycée parisien. Bien que rien ne le prédispose à la pédagogie, avec l’aide de Farid (Samir Guesmi), il arrive à établir le contact avec ses turbulents élèves, notamment le timide Arnold (Alfred Renely), qu’il surprend un jour planté sous la fenêtre, subjugué par la musique. Alors que le concert de fin d’année approche, les élèves doivent mettre les bouchées doubles, et Simon aussi.
L’histoire du cinéma est pleine de motifs et d’astuces techniques dont on s’est entiché un court instant (il suffit de repenser à l’”Odorama” de John Waters), mais au fil du temps, s’il est une chose qui ne se dément pas, c’est son amour pour les perdants et à moins d’être cynique au-delà de toute commune mesure, les spectateurs suivent : ils veulent qu’une bande de Jamaïcains fassent du bobsleigh aux Jeux Olympiques, ils veulent voir une petite équipe de basket d’un lycée de l’Indiana gagner aux championnats d’état, soutenus par les cris de Gene Hackman, et ils veulent que le souffre-douleur arrive à se venger. Et il n’y a rien de mal à cela.
La Mélodie use sans complexe de ce ressort narratif. Évidemment, c’est un film qu’on a déjà vu avant, à mi-chemin entre Dangerous Minds et Les Choristes de Christophe Barratier, mais cette fois, le jeune prodige va devoir s’entraîner sur le toit d’un immeuble parisien. C’est un film qui, plus qu’épouser les clichés, se roule dedans comme un cochon qui aurait trouvé trop de truffes et perdrait soudain les pédales. Cela dit, bien que le dispositif soit totalement prévisible, d’année en année, ce genre de récit parvient à séduire le public encore et encore, pour la simple raison que les films sont divertissants.
Celui d’Hami ne fait pas exception à la règle, car bien qu’il propose toute une galerie de personnages pétris de faiblesses, le réalisateur algérien choisit clairement d’amuser plutôt que d’éduquer. Et il y parvient, bien soutenu par une joyeuse troupe de nouveaux venus qui combinent musique classique et chant de foot, même la muse d’Agnès Varda Corinne Marchand, qui fait ici une brève apparition. Pas de surprise à la fin, mais c’est un film bien fait, et assez indolore pour qu’on fasse abstraction de son petit arrière-goût d’arôme artificiel.