Dans I magliari (1959), Francesco Rosi se confronte à plusieurs problèmes cruciaux et dramatiques de l’après guerre européen: l’immigration des italiens à l’étranger; les activités illégales entreprises par certains de ces immigrants (justement Ies«Magliari», c’est à dire des petits voyous tricheurs qui vendent des tissus bas de gamme au prix de tissus de très bonne qualité) et leur dépendance à des organisations criminelles comme la Camorra;la renaissance économique de l’Allemagne occidentale, et les prémisses de l’imminent triomphe de la société de consommation. Avec son remarquable second film, I Magliari, Francesco Rosi pose les prémices de son cinéma à venir. Cette manière de mêler le lm d’enquête à la réalité historique sera la marque de fabrique du réalisateur qui restera durant toute sa carrière le grand inventeur et artisan du « film-dossier » italien. «Dans la grisaille de l’Allemagne des années cinquante, un trait de lumière et une boule de feu. Le trait, acéré, c’est le regard de Francesco Rosi, chroniqueur de ses compatriotes exilés et qui vivotent entre petits trafics et grandes palabres, au carrefour du néoréalisme et du thriller. La boule de feu, c’est Alberto Sordi, tonitruant, cynique, larmoyant, esbroufeur de génie et paumé…formidable.»