Alors que des gens vivent sur un même territoire sans se comprendre ni se parler, la réalisatrice retourne dans sa géographie intime pour explorer les recoins avec lesquels elle n’a pas réussi à communiquer. Une balade autour des différents arrêts de la ligne du RER B, ainsi qu'une exploration de sa genèse familiale. On n'avait jamais vu la banlieue ainsi : en dedans. C’est théoriquement très puissant, sans instrumentalisation des protagonistes comme des concepts politiques ou sociologiques. Quelle chance de pouvoir rencontrer ces personnes, leur pudeur, leur dignité. Je ne m'en remets pas.
Loin des caricatures médiatiques, un portrait choral et contrasté de Franciliens, saisis dans leur quotidien, qui habitent le long de la ligne B du RER. Devant sa caméra défilent tour à tour un mécanicien malien au Bourget, une infirmière à domicile à Drancy, des chrétiens fervents assistant à une messe à la mémoire de Louis XVI en la basilique Saint-Denis, une femme de ménage à Roissy, des jeunes de cités écoutant attentivement une chanson d’Edith Piaf, un écrivain à Gif-sur-Yvette, des adolescentes tchatcheuses et des chasseurs à courre en vallée de Chevreuse.
Alice Diop tisse un très ambitieux documentaire patchwork sur la banlieue parisienne, un entrelacs intime questionnant l’humain, le temps et l’identité collective contemporaine.