Aristocrats

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À presque 30 ans, Hanako est toujours célibataire, ce qui déplait à sa famille, riche et traditionnelle. Quand elle croit avoir enfin trouvé l’homme de sa vie, elle réalise qu’il entretient déjà une relation ambiguë avec Miki, une hôtesse récemment installée à Tokyo pour ses études. Malgré le monde qui les sépare, les deux femmes vont devoir faire connaissance.
  • Titre original : Anoko wa kizoku
  • Fiche mise à jour le 17/03/2022
  • Année de production : 2021
  • Réalisé par : Yukiko Sode
  • Acteurs principaux : Mugi Kadowaki, Kiko Mizuhara, Kengo Kōra
  • Date de sortie : 30 mars 2022
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Art House Films
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 124 minutes
  • Origine(s) : Japon
  • Genre(s) : Drame
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 2K, 1.85
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    65%

Vos commentaires et critiques :

Ici, nulles parties de chasse à courre portées par des mélodies de Haendel, ni échanges épistolaires sulfureux sur les coussins soyeux de salons interdits. L’aristocratie n’est plus ce qu’elle était, si manifestement opulente qu’elle pouvait inspirer des films aux décors et costumes grandiloquents. Elle est aujourd’hui un monde en repli, à l’abri dans sa tour d’ivoire qui, s’il a conservé ses titres, son éducation, son charme suranné, a perdu ses terres et de sa superbe. La famille d’Hanako en fait partie, et demeure inflexible dans la question du maintien de son rang, attachée à un code de valeurs et à un habitus d’un autre temps, mais toujours palpable dans chacune de ses décisions, chacun de ses mouvements.
Dans une logique de reproduction de caste, d’idéal de pureté, d’idéal de lignée, la dernière fille, somme toute plus si jeune, doit ainsi trouver un mari qui puisse satisfaire les exigences familiales, elle qui demeure encore inexorablement célibataire et s’en excuserait presque, avec cette timidité maladroite de celles qui ne veulent surtout pas faire de vagues, encore moins de scandale. Après quelques rencontres infructueuses vient enfin le jour où elle finit par intéresser un bel homme, doux, prévenant… et donc incontestablement aristocrate ! Voilà le mariage arrangé avec le brillant avocat. Un vrai conte... sans fées, ni effusion de joie, ni fantaisie, ça ne se fait pas trop… Mais par hasard, la fiancée tombe sur un message qui laisse entendre la présence bien officieuse d’une autre femme.
Alors qu’on pourrait s’attendre à un règlement de comptes entre dulcinées, c’est la rencontre entre deux solitudes qui va prendre vie sous nos yeux. Malgré leurs multiples différences : leur apparence, leur façon de s’exprimer et surtout leurs origines, les deux femmes partagent un même désir ardent de vie, une même aspiration à être soi, sans le regard ni l’assistance envahissante des autres. L’envie aussi, viscérale mais encore endormie, de renverser les codes, de bousculer les cloisons de ce monde étriqué que leur impose la société nipponne.
La jeune réalisatrice d'à peine 36 ans filme avec beaucoup de délicatesse ce choc des bulles sociales, vers une connaissance salvatrice de soi pour échapper à une destinée toute tracée. La rivalité est ici remplacée par la sororité, même si l’une des héroïnes est de Tokyo et l’autre de la lointaine province, même si l’une est riche et l’autre sans le sou. Tokyo qui est ici filmé dans toutes ses beautés contrastées : architecture rigide et lignes froides, jardins délicats où se nichent des établissements doux et feutrés. C’est moderne et furieusement élégant et comme souvent, cela vous donne une furieuse envie de Japon.
On ne saurait donc que vous recommander de partager ce chemin avec ces deux jeunes femmes, un parcours empreint d’une sensibilité proche de celle de Ryusuke Hamaguchi (Senses, Asako I&II, Drive My Car), l’autre explorateur des sentiments au Japon, à qui l’on pense souvent devant cette œuvre délicate.