C’est un film de genre efficacement redoutable, haletant, ultra documenté qui, porté par une mise en scène rigoureuse et une interprétation au cordeau ne laisse place ni aux débordements émotionnels, ni aux approximations scénaristiques. Un film d’enquête mené tambour battant qui nous plonge dans l’univers fascinant de l’aéronautique et décortique avec une précision quasi chirurgicale les enjeux économiques et déontologiques des dernières avancées technologiques. Machine et Homme, homme et machine : une histoire aussi complexe et ancienne que le rêve d’Icare.
Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA (le bureau d’enquêtes et d’analyses), organisme chargé d’enquêter sur les incidents et accidents de l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? Toutes les pistes sont à envisager et seule l’analyse minutieuse de boîtes noires, enregistrant à la fois les paramètres techniques du vol et tous les bruits et échanges dans le cockpit, pourra livrer la vérité. Doté d’une hypersensibilité acoustique, Mathieu est un taiseux, un bosseur acharné dont la rigueur frôle parfois une certaine forme de psychorigidité. C’est un garçon discret qui n’aime ni les mondanités, ni les conversations inutiles, une sorte de rat de laboratoire précis, concis, méticuleux, plus à l’aise avec un clavier d’ordinateur qu’avec une coupe de champagne.
Comme vous l’imaginez, son enquête va révéler des failles, s’immiscer dans les incohérences et lever le voile sur quelques dossiers qui devaient rester ultra confidentiels. Pour coller au plus près de l’authenticité, le réalisateur a cherché à entrer dans ce microcosme et a rencontré différents acteurs de ce milieu (pilotes, ingénieurs, enquêteurs, etc.) : « Nourri de ces rencontres et discussions, j’ai eu le désir d’écrire une histoire qui relaterait une enquête complexe sur un crash. Même si je me suis inspiré de cas réels, je ne souhaitais pas faire un simple documentaire ni reconstituer une catastrophe aérienne qui aurait eu lieu. Mon ambition était plutôt d’évoquer les nouvelles problématiques qui sont sur le point de bouleverser l’aviation civile : à savoir l’assistance au pilotage généralisée et l’automatisation progressive des cockpits grâce à l’intelligence artificielle. »