Dans un quartier périphérique de Beijing naguère tenu par des marchands de sommeil, s’amassent des citoyens souvent venus de la campagne dans l’espoir d’une vie meilleure. La croissance économique n’est pas pour tous, hélas, et ces travailleurs surnommés « la tribu des fourmis » y connaissent la face cachée du miracle chinois. Par le biais de quelques parcours individuels, nous découvrons ce malaise peu connu qui sévit dans les métropoles chinoises : le manque de perspectives et l’impossibilité d’ascension sociale, au sein d’une société impitoyable… À l’heure où la précarité des jeunes est devenue une inquiétude fréquente dans l’Hexagone, La Tribu des fourmis nous permet d’élargir la portée de ce triste phénomène. En effet, le long-métrage de Yang Huilong nous présente des jeunes travailleurs surdiplômés chinois et le constat reste en partie le même : nos sociétés ne sont pas prêtes à assurer des conditions de travail compatibles avec les formations qu’elles accordent et les expectatives qu’elles créent. Primé au 26e Festival international du film de Tokyo, ce drame social et politique risque donc de trouver du répondant en France.