Toute une nuit sans savoir

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Quelque part en Inde, une étudiante en cinéma écrit des lettres à l’amoureux dont elle a été séparée. À sa voix se mêlent des images, fragments récoltés au gré de moments de vie, de fêtes et de manifestations qui racontent un monde assombri par des changements radicaux. Le film nous entraine dans les peurs, les désirs, les souvenirs d’une jeunesse en révolte, éprise de liberté.
  • Titre original : A Night of Knowing Nothing
  • Fiche mise à jour le 13/04/2022
  • Année de production : 2021
  • Réalisé par : Payal Kapadia
  • Date de sortie : 13 avril 2022
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Norte Distribution
  • Distributeur international : Square Eyes
  • Durée : 99 minutes
  • Origine(s) : France Inde
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : noir et blanc & couleur
  • Format de projection : 2k 1.33
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 154239
  • Indice Bdfci :
    65%

Vos commentaires et critiques :

Quinzaine des réalisateurs 2021

Secrets d’un amour absent

Thomas Hakim et Julien Graff, fondateurs de la société de production Petit Chaos basée à Tours, ont rencontré Payal Kapadia en 2018 à la Berlinale, où elle présentait son court métrage And What Is the Summer Sayin. “Ce film nous a autant hypnotisés que bouleversés, il fallait qu’on travaille avec elle, c’était une certitude ! Alors même qu’à l’époque, notre société n’existait pas encore, racontent les deux producteurs. Notre collaboration a commencé autour de l’écriture de son long de fiction (All we Imagine as Light) et alors qu’elle était en résidence à la Cinéfondation pour l’écrire, nous avons commencé sur ce documentaire, A Night of Knowing Nothing.”Le film est une production déléguée française, en coproduction avec Another Birth, la société de Payal Kapadia à Mumbai, en Inde. “Nous avons rapidement pu compter sur le fonds Bertha de l’IDFA puis cela s’est enchaîné avec Ciclic, notre fidèle partenaire régional, le Sundance Documentary Fund, le CNC puis la Région Nouvelle-Aquitaine, via un prix que nous avons gagné au Fifib pour la postproduction du film. Au final, le processus de production a été assez rapide, cette sélection cannoise comme le reste sont arrivés très vite !” Tourné entièrement en Inde, en équipe légère, le documentaire s’inscrit dans la continuité du travail de la jeune cinéaste, parfois à la limite de l’expérimental. “A Night of Knowing Nothing a une narration composite et très libre, organisée autour d’images tournées, mais aussi d’archives et de dessins.” Sa sélection à la Quinzaine pourrait permettre aux producteurs de trouver de nouveaux partenaires afin de compléter le financement du prochain long métrage de la réalisatrice, qui devrait être tourné en 2022.

 

 

Dans la chambre d'une étudiante en cinéma, quelque part en Inde, des lettres sont retrouvées... Elles sont adressées à l'amoureux dont elle a été séparée. Lu en voix-off, ce journal intime nous guide, accompagné d'images au grain intense, qui semblent d'un autre temps et nous emmènent dans une ambiance étrange, vaporeuse, presque onirique. La réalité pourtant est bien là, dans toute sa cruauté. Les écrits relatent fiévreusement une passion entravée, empêchée par l'appartenance des amants à des castes différentes. De cette histoire personnelle, le film s'ouvre peu à peu au collectif, s'enrichit d'autres voix, de témoignages, se charge d'une fureur sociale et politique, se transforme en cri. Les images elles-aussi deviennent plus concrètes, s'imprègnent de la vitalité de la révolte et retranscrivent la violence d'une société profondément inégalitaire.
Dans une forme singulière, Payal Kapadia renouvelle la narration documentaire. Pour évoquer les grèves étudiantes de son pays – en réponse notamment à la politique discriminatoire du premier ministre Narendra Modi et à la nomination d'un nouveau directeur controversé à la tête du FTII (Film and Television Institute of India) – elle choisit une forme fragmentée, mélange de séquences filmées au fil des années, de rushes empruntés à des amis, de vieilles archives familiales et de vidéos virales sur Internet. Elle crée ainsi une forme d'abstraction, de « nostalgie du présent ». En liant ce contexte social à une relation épistolaire fantasmée, elle fait émerger le tableau d'une jeunesse éprise de romantisme et de liberté : elle se fait l'écho de ses interrogations et de ses espoirs et rend un vibrant hommage à sa lutte pour une société plus juste.