Cannes 2022 : quinzaine des réalisateurs
Du limon originel
Ali Cherri est un réalisateur libanais mais c’est aussi un artiste complet mêlant courts métrages, vidéos, sculptures et installations. En résidence à la National Gallery de Londres, il a participé à la 59e Biennale d’art de Venise. Le barrage, son premier long métrage, a été tourné au Soudan en pleine révolution. Il est centré sur Maher, “qui travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de boue. Alors que les Soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble prendre vie.” Le film a été principalement produit par Janja Kralj pour KinoElektron, Rémi Bonhomme étant producteur associé. “C’est une œuvre extrêmement singulière qui s’inscrit dans la continuité de son travail et notamment sur l’archéologie. Au Soudan, Ali voulait poursuivre une exploration des territoires et de la matière en travaillant autour de la boue, qui est un peu l’élément premier de la création et que l’on retrouve dans tous les grands mythes. Et au bord du barrage de Merowe, le plus grand d’Afrique et dont la construction est extrêmement destructrice, il a découvert des ouvriers faisant des briques en terre séchée. Il a imaginé à partir de là une fiction nourrie de la situation politique du pays.” Un premier tournage a été surpris par la révolution et la chute du régime d’Omar el-Bechir. “Le barrage raconte la façon dont un homme se construit lui-même sa propre réalité. C’est un film sur le pouvoir de l’imagination, qui fait appel à de multiples références mythologiques et dans lequel chacun peut projeter ses propres références imaginaires”, poursuit Rémi Bonhomme. Les ventes sont assurées par Indie Sales, qui s’est positionné très tôt sur le scénario écrit par Ali Cherri et Geoffroy Grison, en collaboration avec Bertrand Bonello.