Au milieu des montagnes libanaises, la famille Badri s’est installée pour fuir Beyrouth, sa pollution et son air irrespirable. À la sueur de leurs fronts, Souraya, Walid, leurs deux filles et leur grand mère ont construit petit à petit un havre de paix. Ils y mènent une vie en autarcie, cultivent le jardin qui leur permet d’être quasiment en autonomie alimentaire et semblent jouir pleinement de la nature environnante. Leur vie va pourtant brusquement basculer : suite à la crise des déchets envahissant la capitale, le gouvernement décide d’installer une décharge pile devant leur maison.
Mounia Akl part de cette injustice pour nous plonger au cœur des tensions et des dysfonctionnements qui vont naître au sein du cocon familial. Ce bonheur idyllique va peu à peu se ternir, au rythme des pelleteuses et des immondices qui s'amoncellent tout autour d’eux. Le film joue avec les points de vue de chaque personnage : chacun vit à sa façon ce chamboulement, des premiers émois amoureux de Tala, la soeur aînée de seize ans, en passant par le déchirement du couple dont l’amour semblait pourtant inébranlable.
Partagés entre le désir de préserver leur cadre de vie ou de renouer des liens avec leur passé à Beyrouth, la famille se disloque. Nous partageons avec elle ce dilemme : résister ou fuir. Costa Brava, Lebanon se mue en métaphores plurielles et se saisit des contradictions de nos sociétés actuelles, abordant avec justesse le cynisme des dirigeants et la résignation vis-à-vis de nos idéaux. En résulte un petit drame familial d’une immense puissance allégorique.