Her Smell, qui n’est pas un biopic, mais qui aborde des thèmes similaires aux films de rock star a de quoi intrigué.
Becky Something, la protagoniste du film, interprétée par Moss et clairement inspirée de Courtney Love, est absolument exécrable. Dès les premières minutes du film d’Alex Ross Perry, on apprend à s’en méfier, voire même à la craindre. On sort de la première scène, un après-show chaotique où les personnages nous sont présentés, complètement épuisés. Si vous avez déjà côtoyé quelqu’un avec une personnalité volatile, Becky vous rappellera sûrement des souvenirs forts désagréables. En tant que frontwoman du groupe fictif Something She, elle écorche, grafigne et crache sur tous ceux qui l’entourent. Personne n’est épargné, ni sa fille en bas âge, ni son ex, ni son label et encore moins ses bandmates (Agyness Deyn, Gayle Rankin). Elisabeth Moss joue son rôle à merveille et elle est fascinante lorsqu’elle se glisse dans la peau de Becky Something. On ne peut faire autrement que d’essayer de la suivre alors qu’elle parle à la fois de tournée européenne, de plaine mystique et de visions, en délire hystérique à la manière de Gena Rowlands dans les films de Cassavetes. Le film nous met dans la peau de son entourage, qui essaie de la suivre dans ses délires. Ils ont, tour à tour, envie de fuir et de la prendre dans leurs bras.
On remet en question encore la pertinence de monter une autre histoire où l’art passe par la destruction de soi et de son entourage… mais au moins dans Her Smell, l’attitude de Becky a des conséquences. Au début du film, Something She est déjà en train de dégringoler, le groupe remplit des salles de plus en plus petites, des tournées sont annulées, le nouvel album n’avance pas, puis viennent les portes qui claquent, les membres qui quittent, les (nombreuses) poursuites en justice, l’argent qui prend le bord et un petit tour en rehab.
Si vous n’avez qu’à voir un film « musical » cette année, on vous suggère fortement Her Smell. La performance intense d’Elisabeth Moss, la réalisation complètement immersive et le scénario cruellement humain d’Alex Ross Perry valent absolument la peine qu’on s’y attarde même si le film n’a pas reçu autant de publicité que Bohemian Rhapsody. Alex Ross Perry, un cinéaste prometteur.