Nous sommes en Normandie… Enfin pour moi qui écris ce texte, la Normandie c’est plutôt du côté de Rouen… ou de Cherbourg, alors le Mêle-sur-Sarthe, ça me semble vraiment un peu trop au Sud pour être normand… Mais bon, administrativement c’est situé dans l’Orne, en Normandie donc, même si la « frontière » avec la Sarthe n’est qu’à un jet de pierre… Et surtout, au Mêle-sur-Sarthe, il y a plus de vaches que d’habitants, ce qui est finalement la caractéristique essentielle de tout bon village normand et, ici comme ailleurs, les éleveurs sont touchés par la crise.
Après un énième barrage sur la Nationale 12 où les éleveurs n’ont pas été plus entendus que d’habitude, la colère gronde. Le ras-le-bol est là et chacun y va de sa proposition d’action : verser du purin devant la Préfecture, séquestrer le directeur de l’Intermarché, monter à Paris et manifester sur les Champs Elysées… Mais Georges Balbuzard (dit Balbu), le maire du village, le sait, tout ça a déjà été fait et ne sert plus à rien… Ce qu’il faut c’est du nouveau, un truc fort qui marquerait les esprits.
Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, ait été piégé dans le barrage de la N12. En voulant faire un détour pour contourner l’embouteillage et regagner Paris au plus vite où il devait prendre l’avion, il s’est perdu dans la campagne et a pris quelques photos de prés verdoyants. Lui qui était en panne d’inspiration réalise en regardant ces quelques clichés qu’il a enfin trouvé LE lieu. Celui qu’il a cherché partout en venant en France. Et ce lieu, c’est le champ Cholet au Mêle sur Sarthe ! Et pour sa photo, il a besoin de 200 Normands tout nus ! Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun Normand n’est d’accord pour se mettre à nu…
On aime plutôt bien le cinéma de Philippe Le Guay, réalisateur discret mais attachant(Floride, Alceste à bicyclette, Les femmes du 6e étage…) qui n’hésite pas à parler de notre pays tel qu’il va plus ou moins bien. Ici point de miracle, la crise des éleveurs ne sera pas résolue (ça se saurait), mais nos Normands vont redécouvrir le bonheur de faire un bout de chemin ensemble… et c’est déjà pas si mal !