Festival de Cannes 2021 : hors compétition
Au nom de Dieu
C’est par admiration inconditionnelle pour Céline Dion que Valérie Lemercier a porté à l’écran le beau conte de fées vécu par Aline Dieu, chanteuse à voix née dans une famille nombreuse et pauvre du Québec, qui tombe en amour pour son impresario avant de devenir une star mondiale en interprétant la chanson oscarisée My Heart Will Go On de Titanic (1997) de James Cameron. Ce biopic non autorisé est aussi une merveilleuse success story, dont la réalisatrice tient elle-même le rôle-titre face à des partenaires canadiens, parmi lesquels Sylvain Marcel et Danielle Fichaud, interprètes respectifs de l’ange gardien Guy-Claude (évidemment inspiré par René Angélil) et de la mère poule Sylvette. Ce projet entrepris à l’insu de Céline Dion, qui en a accepté le principe sans s’y impliquer, démontre toute sa subtilité au cours de cette scène ironique où deux sosies d’Elvis Presley croisent la chanteuse sur un trottoir de Las Vegas et la félicitent pour… sa ressemblance ! Après avoir vu sa sortie repoussée d’une année en raison de la pandémie, Aline sera distribué par Gaumont le 10 novembre 2021.
Aline est presque pour nous un lointain souvenir… un film vu il y a plus d’un an qui devait sortir sur les écrans à l’automne 2020, puis qui a été reporté, une fois, puis deux et qui arrive donc (enfin) en cette fin d’année. Ah, parlons-en de cette période particulière au cœur de l’automne, quand l’hiver arrive à petits pas mais que la frénésie de Noël ne s’est pas encore emparé des foules, quand le temps maussade, gris et pluvieux vous fait retrouver le chemin des salles (il serait temps d’ailleurs), quand les « divertissements » se savourent sans effort. Aline, c’est tout à fait cela et c’est comme cela qu’il faut le prendre : un divertissement. brillant, léger, tendre, drôle et intelligent, avec pas mal de miel (ou plutôt de sirop d’érable) dedans.
Mais Aline, c’est surtout Valérie. Et c’est une évidence qu’il n’aurait pas du tout la même saveur, la même tonalité s’il eut été incarné ou réalisé par un(e) autre. Portant de A à Z cet ambitieux projet, Valérie Lemercier s’est donnée à fond, s’embarquant dans cette folle épopée avec l’énergie, la rigueur, l’humour qu’on lui connaît, campant sans aucune difficulté et avec un certain culot tous les âges d’Aline, de 5 à 50 ans et c’est ce qui fait aussi de ce vrai-faux biopic toute sa singularité et toute sa réussite. Remarquable aussi est l’utilisation de la bonne vieille technique de l’illusion d’optique pour rendre crédible cette belle et grande plante qu’est Valérie Lemercier dans les souliers d’une écolière : tout le décor était simplement surdimensionné ! Elle a travaillé comme une damnée : la danse, la diction, l’accent québécois, les concerts dans des grandes salles parisiennes, les transformations physiques… le résultat est à la hauteur de la dinguerie du projet : totalement bluffant.
Enfin, ce film est une belle déclaration d’amour à une artiste étonnante et flamboyante : Céline Dion car bien entendu, la destinée incroyable d’Aline, c’est bien celle de Céline et pas la peine d’être une inconditionnelle de la Québécoise pour apprécier le film, il se pourrait même que les réfractaires aux robes à paillettes, aux channnnnnsoooooons d’amouurrrrrrrr sirupeuses et à Las Vegas changent de point de vue après la projection. Car il faut le dire : on est embarqués vite fait bien fait dans ce show musical avant même avoir eu le temps de dire « Pour que tu m’aimes encore ».
Québec, fin des années 60, Sylvette et Anglomard accueillent leur 14e enfant : Aline. Dans la famille Dieu, la musique est reine et quand Aline grandit on lui découvre un donc : cette nana a une voix en or. Lorsqu’il entend cette voix, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde. Épaulée par sa famille et guidée par l’expérience puis l’amour naissant de Guy-Claude, ils vont ensemble écrire les pages d’un destin hors du commun.