Ridley Scott a 80 ans. Christopher Plummer vient tout juste de célébrer son 88e anniversaire. Ces octogénaires, de vieux pros, viennent de réussir un exploit peu ordinaire. Non seulement All the Money in the World est un thriller haletant, mais il contient aussi l'une des meilleures performances d'un acteur qui, il y a à peine plus d'un mois, ne savait pas encore qu'il allait être appelé à remplacer Kevin Spacey au pied levé. Honnêtement, Christopher Plummer est tellement crédible dans la peau de J. Paul Getty, ce vieillard milliardaire ayant plus à cœur les objets d'art qu'il possède que les humains faisant partie de son entourage, qu'on se demande vraiment comment un autre acteur aurait pu incarner le personnage avec autant de vérité.
Inspiré par une véritable histoire survenue à Rome en 1973, Ridley Scott profite évidemment de l'occasion pour lancer quelques clins d'œil au grand cinéma italien de l'époque en plongeant le spectateur dans une atmosphère digne de La Dolce Vita de Fellini.
Une fois le rapt effectué, le récit s'engage alors sur le mode thriller avec grande efficacité. Mais au-delà de l'anecdote, Scott dépeint surtout une joute psychologique entre un vieil homme dont la préoccupation première est de s'enrichir davantage (on ne peut s'empêcher d'y voir une flèche envers la classe du 1 %) et une femme qui prendra les moyens dont elle dispose pour faire libérer un fils que son beau-père dit aimer, mais dont il refuse pourtant de payer la rançon exigée par les ravisseurs. À cet égard, cette rencontre au sommet entre Michelle Williams, toujours excellente, et Christopher Plummer constitue l'élément le plus fort de ce film.