Nous voilà plongés une nouvelle fois au cœur de l’Estaque, à prendre son pouls, à respirer son souffle. Si les ingrédients sont les mêmes, ne croyez pas pour autant que Robert Guédiguian va nous servir du déjà vu, du surgelé, du réchauffé. C’est comme en cuisine : regardez la multitude de plats qu’on peut faire avec simplement du beurre et de la farine. Entre la pâte feuilletée, la brioche, les choux, les crêpes… il y a un monde. Entre À la vie à la mort, Marius et Jeannette… et aujourd’hui La Villa… également. Mis bout à bout ils forment comme une chronique sur les idéaux d’une génération, leur confrontation avec un monde en mutation.
Dans La Villa, bien sûr Ariane Ascaride est là, et Darroussin aussi, ainsi que toute une bande de fidèles. Ce coup ci c’est pour un conte qui prend des allures de bilan inquiet mais peut-être pas désabusé. Que reste-t-il des rêves de la classe ouvrière, du mode de vie d’un quartier vivant, vibrant, convivial et solidaire ? Que va-t-il rester de la ville tranquille si tous la laissent en pâture aux faiseurs de frics, aux promoteurs immobiliers ?
Robert Guédiguian n’a jamais oublié ses origines de fils de docker marseillais. Il les as transcendées pour créer au fil du temps une œuvre de vrai cinéma populaire. Une fois de plus il nous entraîne avec bonheur au bord des côtes de son enfance battues par les flots faussement paisibles.
C’est dans une maison perchée au dessus des calanques qu’un vieux restaurateur décline peu à peu. Son fils Armand, qui a repris les fourneaux et s’occupe quotidiennement de son père, finit par battre le rappel. C’est ainsi qu’un beau jour débarquent sa sœur Angèle, qui a quitté depuis longtemps le bercail familial pour poursuivre une brillante carrière d’actrice, ainsi que son frère Joseph en pleine déconfiture affective. Retrouvailles joyeuses qui seront jalonnées par de vivifiants règlements de compte.