QUINZAINE DES RÉALISATEURS
Nos vies, pas leurs profits !
En pleine Berlinale, une tribune signée par plus de 500 personnalités artistiques s’alarmait de la situation du cinéma portugais, victime de conflits d’intérêt depuis l’adoption en 2013 d’un décret-loi encadrant les pratiques du secteur. Pourtant, le pays continue de produire une douzaine de longs par an, lesquels connaissent pour la plupart une belle carrière à l’international. Premier opus du jeune réalisateur Pedro Pinho, A fábrica de nada raconte un conflit social radical débouchant sur l’occupation, puis la prise de contrôle, d’une usine par ses ouvriers qui vont ensuite l'autogérer. Inspiré d’une pièce de théâtre, le film a été alimenté par la réalité des lieux de tournage, une ancienne usine d’assemblage d’ascenseurs autogérée par ses salariés depuis plus de 40 ans. Le casting sera composé d’acteurs non professionnels, venant notamment de la banlieue nord de Lisbonne, très touchée par la crise, qui vont enrichir le scénario de leur vécu. La recherche de spontanéité va amener Pedro Pinho à tourner pendant quatre mois. Une durée rendue possible par le fait que A fábrica de nada a été produit par Terratreme, collectif créé en 2008 par six cinéastes, soucieux de garder le contrôle de leurs films en les produisant de façon adaptée, et en leur donnant tout le temps nécessaire. De la même façon, le montage se déroulera durant 18 mois. "Le film dure presque trois heures et présente une certaine complexité au niveau de son positionnement politique et de sa réflexion autour de la situation actuelle du pays. La Quinzaine est le plus bel endroit pour lui offrir une vraie visibilité. "