Octobre 1979. De violents affrontements entre Wallons et Flamands ont lieu aux « Fourons », une commune du pays de Herve située à l'est de la Belgique. Jean-Pierre vit à quelques kilomètres de là, dans la ferme familiale dirigée par son père, Alexis Droeven. À la mort de celui-ci, des bribes de son passé ressurgissent au milieu des grands paysages brumeux. Le fermier s'est éteint alors que le monde agricole – son monde – entrait dans une période de grande mutation. Alexis militait dans un syndicat agricole contre les normes imposées par la CEE, refusant de s'y plier, quitte à se marginaliser et à disparaître. Que fera Jean-Pierre, son fils aîné ? Reprendra-t-il la ferme ou partira-t-il vivre en ville comme sa jeune tante Elisabeth (Nicole Garcia au tout début de sa carrière) ? Plus de trente ans avant la sortie d'Il a plu sur le grand paysage, Jean-Jacques Andrien consacrait déjà un film à la Belgique rurale et à ses tragiques transformations. C'est avec une grande pudeur qu'il met ici en scène les interrogations intimes et politiques d'une nouvelle génération d'agriculteurs et dresse le portrait de ce père à la noble obstination, magnifiquement incarné par Maurice Garrel. Le film avance au rythme de plans épurés, d'une grande force picturale, et suit une respiration lente, douloureuse et profonde qui est aussi celle de l'émouvant paysage dans lequel il s'inscrit.