Tourné par Sydney Pollack (disparu en 2008) juste après le scandale du Watergate, Les Trois jours du Condorest un des grands films « inquiets » du cinéma américain des années 70, avec, par exemple, Conversation secrète(1974) de Coppola, Les Hommes du président (1976) de Pakula, ou encoreMarathon Man (1976) de Schlesinger, qui va ressortir en salle prochainement. Des films qui s'interrogeaient sur la fiabilité des institutions, sur la moralité des dirigeants, sur la présence du mal dans la société, sur la pertinence des idéaux et des valeurs de l'Amérique éternelle. Des films qui n'en oubliaient pas pour autant l'intrigue, le romanesque, le suspense et qui assuraient ainsi le spectacle : efficacité, rebondissements, ampleur de la mise en scène, comédiens au sommet de leur art. Ici c'est Robert Redford qui porte le film de bout en bout. Redford qui fut le complice préféré de Sydney Pollack, avec qui il tourna sept films !
Romancier sans succès, Joseph Turner occupe, pour gagner sa vie, un poste de chercheur dans une curieuse « Société d'études de littérature américaine », sise dans un immeuble discret de Manhattan. En fait cette officine n'est autre qu'une des nombreuses sous-sections de la CIA : Turner et ses collègues sont chargés d'éplucher toute la littérature d'espionnage mondiale (romans compris) pour y déceler d'éventuels messages codés qui impliqueraient de possibles menaces extérieures contre les États-Unis… Turner vit donc dans une sorte de climat de danger purement virtuel mais c'est à une violence cruellement et trivialement réelle qu'il va être confronté. Alors qu'il s'est absenté pour aller acheter des sandwiches pour la collectivité, deux hommes déguisés en facteurs pénètrent dans le bureau et abattent méthodiquement tous les occupants. Turner revient, découvre le carnage et en conclut immédiatement qu'il a échappé à la mort par miracle…
Il prend aussitôt la fuite et contacte son supérieur selon la procédure d'urgence édictée par la CIA. On lui donne l'ordre de ne pas rentrer chez lui, d'éviter toute relation avec qui que ce soit, et d'attendre qu'on lui donne des nouvelles.
Peu enclin à obéir aveuglément, Turner, nom de code « Condor », va découvrir au péril de sa vie les contours d'une machination dont il a bien du mal à cerner les enjeux et l'ampleur…